dimanche, mai 17, 1998

17 mai 1998

La vie n'est souvent faite que de simples petits détails qui peuvent sembler si stupides sur une base individuelle mais si importants si on les mets tous ensembles.

Bien sûr Montréal me manque. Ses festivals, ses foules, ses rythmes si uniques à Montréal. Mais pourtant, les étoiles sont les mêmes partout et lorsque je prends le temps de m'allonger dans l'herbe pour les compter et les recompter, j'arrive presque à me convaincre pour un instant que le gazon sous mon corps est celui du Mont-Royal.

Notre appartement, qui pourrait presqu'en être un du plateau Mont-Royal, à l'exception qu'il n'est pas fait sur le long comme tous les vrais appartements du plateau mais bien en forme de carré. Cependant, les vieux planchers de bois francs et les boiseries nous fournissent l'illusion d'un boulevard St-Joseph et la lumière rose du néon sur les rythmes de Jean Leloup arrivent presque à tromper mon esprit.

Notre balcon est grand, bien plus grand que ceux du Plateau, mais comme tout bon habitant du plateau, notre patio était vide, résultat d'une population dans la moyenne, qui travaille les dimanches et les jours fériés pour arriver à payer le loyer chaque 5ième jour du mois. Puis, en passant devant une des nombreuses résidences cossues de notre rue, j'ai remarqué une veille table et une veille chaise de patio en bois qui attendaient tranquillement la fin de leur vie sur le bord de la rue. Le temps pouvait se lire au travers des meubles mais bon, ils tiennent encore le coup. Transportant avec moi ma culture proprement montréalaise de plateau Mont-Royal, j'attendis que la nuit tomba pour aller cueillir le butin si convoité. transporté le tout quelques coins de rue plus loins, et au deuxième étage, j'ai soigneusement nettoyé ces objets qui, il n'y a que quelques minutes à peine, étaient condamnés à mourir. Après avoir placé avec soin la table et la grosse chaise de bois peinte en blanc, j'ai soudainement réalisé qu'avec tous ces objets et les nombreuses choses étendues sur la corde à linge, mon balcon ressemblait tout à coup plus à un petit coin du Plateau qu'à autre chose.

Il ne manque qu'une voisine bonne vivante, qui s'occupe de ses 5 enfants qui jouent dans la cours et qui crient à chaque jour vers midi "rentrez manger!!!" ou "allez pas trop loins!", et qui attends son mari qui est parti travailler à l'usine. Rajoutez à cela le voisin d'en dessous haïtien qui enivre le coin de rythmes créoles qui lui sont si personnels et un coucher de soleil comme dans Eldorado. Vous savez, ces couchers de soleil unique au Plateau, ceux qu'on ne peut vraiment savourer que d'un troisième étage sur St-Denis ou Henri-Julien, lorsque le vent d'été, ce vent qui sent le festival, entre par les grandes fenêtres de bois ouvertes et que les derniers rayons de la journées glissent lentement sur les lattes du plancher de bois franc qui traverse votre appartement...Mon tréal.

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