jeudi, septembre 07, 2006

La question francophone rattrape le NPD

Petite polémique au Nouveau-Brunswick. Radio-Canada télé organise un débat entre les 3 chefs des principaux partis politiques, soit Bernard Lord (conservateur), Shawn Graham (libéral) et Allison Brewer (NPD).

Sauf que Brewer ne parle pas français. Elle demande donc à s'exprimer en anglais et que ses propos sont ensuite traduits en français de façon simultanée. Radio-Canada a dit non. Brewer a décidé de ne pas participer au débat. Radio-Canada de son côté à offert une entrevue "one on one" avec la chef de parti, entrevue qui sera quant à elle traduite en français.

Quand le NPD s'est donné un chef il y a quelques mois, j'ai trouvé assez fascinant qu'ils se donnent un chef qui ne parle pas une des deux langues officielles de la province.

Pour moi, le concept de se présenter en politique n'est pas une décision qui se prend sur le bout d'une table, entre deux émissions de nouvelles. C'est quelque chose qu'on cultive, pour lequel on se prépare avec minutie. On se familiarise avec les dossiers, les enjeux, les acteurs, les intervenants et on s'assure qu'on correspond aux standards de base.

Et pour moi, maîtriser les deux langues officielles, c'est un critère de base au Nouveau-Brunswick. En fait, ça devrait être un critère de base partout au pays quant à moi. Si tu envisages un jour te présenter en politique, va prendre des cours de français (ou d'anglais), va travailler ta capacité de t'exprimer en public. Comme l'a si bien dit Preston Manning la semaine passée, ce n'est pas une fois en politique qu'il faut penser à tout cela.

Ce qui me choque moi, ce n'est pas que Radio-Canada refuse de donner de la traduction à Brewer, c'est que Brewer, au départ, aspire à diriger une province bilingue mais ne peut pas communiquer avec plus du tiers des électeurs.

Et quand je lis (encore dans le Times & Transcript) que la secrétaire-générale du NPD du Nouveau-Brunswick a déclaré "The francophone community deserves to hear all three leaders", ça me donne surtout envie de répondre que The francophone community deserves to be governed by someone who can speak their language.

D'une certaine façon, si le français n'est pas assez important pour le NPD, c'est surtout ça que les francophones devraient comprendre, non? C'est sûr qu'ils devraient pouvoir entendre tous les partis. Mais est-ce que c'est la job à Radio-Canada de compenser pour l'unilinguisme de madame Brewer?

D'un autre côté... Shawn Graham en arrache en français. Sauf qu'il fait l'effort de pratiquer, de parler et il se force dans les débats pour parler en français. Alors pourquoi est-ce que Shawn devrait se forcer quand Allison elle pourrait prendre ça "easy" et juste s'exprimer en anglais sans faire d'effort?

Et en plus, quel serait le message que la minorité francophone enverrait à ses politiciens? Que c'est pas grave de parler de pas parler français, qu'on va traduire pour eux alors ils n'ont pas besoin de se forcer?

Shawn se force depuis des années. Allison n'a qu'à suivre son exemple.

Ah, et j'oubliais, dans son édito aujourd'hui (des éditos non-signés d'ailleurs), le Times défend bec et ongles Allison Brewer... "Since when is it "wrong" to be unilingual in any language?" (...) "Nor does offering Ms Brewer an exclusive interview at another time, that will be translated, make anything right. It highlights the fact she is being treated as a second-rate citizen and candidate."

3 commentaires:

The JF a dit...

Même si j'suis pas membre du parti, j'me déclare néo-démocrate et... Allison Brewer, je l'aime pas. C'est plate à dire mais j'veut pas qu'elle se fait élire. J'veut un nouveau chef pour le NPD NB. Elle est justement la raison que j'suis pas membre du parti parce que quand tu devient membre du NPD, tu devient membre de la section provincial et fédéral, tu peut pas juste en prendre un.

J'me demande si Virgil Hammock, candidat NPD très populaire dans le comté de Tantramar qui à mon avis va gagner, peut parler français, peut-être il prendrait les reines du parti.

The JF a dit...

Ah, pis le Times... Maudite gang de CoR... Tout le temps la même chose qu'ils disent "Why can't we just talk English, damn those frogs forcing French down our throat!"

Shut up, pour qu'on puisse avoir une job nous autre, il faut qu'on parle anglais. L'anglais lui, on lui demande juste de parler français si il veut devenir chef de parti, pis ils paniquent? Second-rate citizens? Boy, your white, Anglo-Saxon Protestant asses don't know shit about being a second-rate citizen. It's not wrong to be unilingual? Okay, collectivement, toute les Acadiens, on arrêtent de parler l'anglais. Quand tu va aller chercher ton café au Tim's, elle qui sert ton café, elle va juste te parle en français. Quand tu veut faire arranger ta connexion internet, le gars l'autre bord de la ligne va juste te parler en français. La commis à la banque? Unilinguisme francophone. J'suis certain qu'ils vont adorer l'unilinguisme...

Altavistagoogle a dit...

Julie, les éditos dans le monde anglophone ne sont pas signés. C'est comme ça. S'ils sont signés ces des "opionion piece" ou "columns". A "The Montreal Gazette", on est pas content parce qu'une fois par semaine (le jeudi je crois), l'édito vient direct de Winnipeg avec des opinions qui parraissent un peu bizard à Montréal (et puisqu'ils ne sont pas signés, la rédaction de Montréal passe pour des caves...)

JF, je partage ta frustation. Ici à Edmundston c'est francophone à 95% (selon Statcan), et pourtant des compagnies comme Nescafé et Primus font de la publicité en English Only. Pire, Primus à un centre d'appels en ville (gagne d'endormies).

On se sépare, on n'a pas le choix (je viens de regarder René Lesvêques à la CBC, très, très, bon). Ça va être plate passer aux doines entre Dieppe et Moncton, mais bon. ;-)

Avez-vous regardé le débat en français. Bilingue que je suis, j'ai regardé la version anglaise sans me rendre compte que ça jouait en français en même temps! Zut.