mardi, septembre 19, 2006

Les dérapages anglo-canadiens : assez, c'est assez

Dans le Globe and Mail de samedi, sous la plume de Jan Wong :

«Ce que beaucoup de gens de l’extérieur (du Québec) ne réalisent pas, c’est l’aliénation que des décennies de batailles linguistiques ont pu amener à cette ville autrefois cosmopolite. Ce n’a pas seulement nui aux anglophones de souche, mais cela a également affecté les immigrants. Bien sûr, les trois tueries (Dawson, Concordia et Polytechnique) ont été le fait de personnes qui avaient des problèmes de santé mentale. Mais il est également exact que dans les trois cas, le tueur n’était pas un pur laine, le mot d’argot pour un «pur» francophone. Partout ailleurs, parler de «pureté» raciale est répugnant. Pas au Québec.»


Mais ma foi, faudra inclure dans la formation de tous les futurs journalistes du "rest of Canada" un stage au Québec, parce que là, ça ne va pas du tout. Mais pas du tout.

Montréal n'est plus cosmopolite? Où ça? J'aime faire la ligne pour bouffer chez les grecs rue St-Laurent. Pendant 10 ans, j'ai ramené des bagels de Beaubien Bagel jusqu'à Moncton à coups de douzaines. Un bon ami à moi est Espagnol (et habite Montréal), j'aime magasiner dans les boutiques indiennes près de Jean-Talon pour admirer les saris. Les pâtés jamaicains sont extraordinaires. Je tente d'aller au Balatou sur St-Laurent au moins une fois par année, j'ai chanté du gospel chez les "blacks" de la Petite-Bourgogne et mes amis sont anglos, francos, juifs, musulmans, gais, straight, mêlés, et j'en passe. Montréal pas cosmopolite? Voyons...

Que j'entende que c'est toute de la faute à la musique heavy métal, ça m'énerve. Que ce soit parce qu'il était un "goth", ça me tappe sur les nerds. Que ce soit toute de la faute à internet, ça m'énarve (sic) sérieusement. Que ça soit la faute aux blogues, je commence à pogner les nerds. Que ça soit la faute à la loi 101, là, écoutez, je perd les pédales.

Mais merde, on vit où? Au Canada? Au Québec? On vit les uns juste à coté des autres, Québécois et Canadiens, la majorité d'entre nous, on peut se comprendre dans nos langues officielles. Alors faut qu'on se parle. Parce que ce genre de commentaire, qui nous rappelle le récent "Québekistan" du National Post, ça n'a juste tout simplement pas d'allure. Avant de dire des choses aussi grosses (et j'ose presque dire aussi monstrueuses), faut vérifier.

Avant de dire que les voisins puent, qu'ils ne se lavent pas et qu'ils sont débiles, encore faut-il aller frapper à leur porte et leur parler. Si elle avait parlé à des Québécois, elle aurait rapidement constaté que la loi 101 n'a rien à voir avec ces trois terribles tueries. On n'a d'ailleurs qu'à penser à ce qui se passe aux États-Unis. Tout le contraire de la loi 101 et pourtant BEAUCOUP de tueries.

Mais est-ce que l'incompréhension dont témoigne si bien Jan Wong envers ses semblables (parce que les Québécois, ce sont ses semblables, pas des extra-terrestres ni une tribu sectaire du fin fond de l'Afrique) ne témoigne pas justement du raisonnement de ces fous à fusils? On s'isole, on se met à douter de tout, on s'imagine que le monde au complet nous surveille, et puis on se met à croire n'importe quoi. Comme que le Québec est xénophobe ou que la loi 101 force des immigrants (et fils d'immigrants) à prendre les armes...

Mise à jour : la réponse de Jean Charest. 100% avec lui. (merci à Thierry)

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Ce matin sur MSN http://nouvelles.sympatico.msn.ca/Accueil/ContentPosting.aspx?feedname=CP-NATIONALES&newsitemid=14523019

Anonyme a dit...

C'est absolument inacceptable pour un organe de presse qui se respecte de laisser publier des raisonnements sophistes pareils...

Mais dans une autre logique, une phrase de Wong me travaille: quand elle parle du fait que "parler de pure laine au Québec est moins inacceptable que partout ailleurs". Je me demande: est-ce que nous n'avons pas tendance à dire parfois "nous sommes tous québécois, mais certains sont pure-laine"? Il y a une réaction identitaire là-dedans.

De là à dire que ça cause la violence, franchement, elle nous fait un caca nerveux la madame.