jeudi, septembre 14, 2006

Sommes-nous plus moumounes?

En regardant la tuerie de Dawson, je me suis posée la question.

Parce qu'en moins de deux, Concordia offrait des psychologues, des prêtres, des rabbins, des conseillers, la Polytechnique offrait aussi du soutien psychologique et le CLSC au grand complet (du moins à en croire les médias) étaient sur place, avec des dosards et tout le kit pour aider les victimes.

Comprenez-moi bien, c'est un événement extrêmement traumatisant. Je n'en doute même pas une seconde.

Mais ces gens étaient donc assis à leur bureau, ont entendu parlé du massacre et paf, ont mobilisé conseillers, psychologues et autres phd de ce monde. Concordia invitaient les étudiants de Dawson à se rendre à l'Université. La seule place où j'aurais voulu aller moi c'est chez nous. J'aurais voulu être toute seule, avoir la paix, dans un endroit où je me sens en sécurité. Point. J'veux pas voir personne, surtout pas un psy empathique qui fait de l'écoute active. Mais ça, c'est peut-être moi.

À voir les images à la télé, ça m'a donné l'impression que l'Humain, en 2006, a complètement oublié ses réflexes de cro-magnon. Danger = courir. Urgence = ne pas être hystérique si on veut survivre. Incertitude = tenter de cerner la situation. Situation critique = se protéger.

Laisse faire le vidéo sur ton cell, lâche ton cell 2 minutes le temps de courir pour foutre le camp. DÉCRISSE.

J'ai vu ça aussi quand les tours s'écroulaient à New York. T'as les gens en mode "cro-magnon" qui courent en direction opposé le plus vite possible. Pis tes des gens qui restent là à regarder ce qui se passe. Comme un chevreuil devant les phares d'une voiture.

Mais pour revenir au sujet. A-t-on vraiment besoin de tout ce soutient psychologique? J'imagine que certaines personnes oui. C'est comme si on tente maintenant, à notre époque, de ne pas vivre d'émotions ("bah, who cares?", "who gives a f***?") et que lorsqu'une situation de fortes sensations se produit dans nos vies, on ne sait pas quoi faire avec ça...

Mais tout ceci étant dit, ça reste un drame immense. Mes pensées vont avec les familles des victimes et celle du tueur, qui aura une semaine extrêmement difficile aussi.

3 commentaires:

Anonyme a dit...

Tu vois Julie, moi ce qui me traumatise, c'est ma relative insensibilité au drame...

Ok, yet another mad shooter. Death Angel wannabe.

Ça me traumatise parce que je sais que je suis insensible pour la seule raison que ce n'est pas à moi que ça arrive.

Quant au psy et à l'écoute active, c'est effectivement plus ma mère à qui j'aurais voulu parler... Mais y'a de très bons psys, tsé...

Simon Tremblay a dit...

Il faudrait comprendre que la plupart des gens ici n'avaient pas tout leurs effets personnels. Par exemple j'en connais beaucoup qui mettent leur porte-feuille dans le sac à dos, etc. De plus, des lignes de métro étaient fermées si ma mémoire est bonne. L'association étudiante de Dawson est en relation avec l'Association étudiante de Concordia. C'était juste normal, étant donné que c'était à deux coins de rue, d'aller se "réfugier" en quelque part plutôt que de rester dans la rue à attendre.

Probablement que si j'avais été là-bas j'en aurais eu le shake total et que je ne voudrais pu entrer dans le collège sans qu'il y ait des policiers à chaque entrée pour la surveillance, question plus psychologique bien entendu.

Mais bon, quel billet gratuit ! C'est tellement trop facile de juger quand on l'a pas vécu je crois...

M'enfin, vive la liberté d'expression !

Anonyme a dit...

D'accord avec toi pour que nous réveillons nos reflexes de cro-magnon. Cependant, je crois que l'aide psychologique de première ligne est très importante pour que justement tu ne t'enferme pas chez-vous et que tu te caches sous ton lit à chaque fois que tu entends un klaxon ou un pétard.

Il semble que les plans d'urgence des institutions ont fonctionné cette fois-ci.