I'm a bitch, you're a bitch, kiss me... and I'll turn into a politician!

Quoi qu'en pense le président de la Chambre des communes, Peter Mackay a sans doute traité son ex de chienne. Malheureusement, la vraie déception dans toute cette histoire, c'est que ce n'est pas la première fois. En fait, ce n'est qu'une goutte parmis la mer de commentaires disgrâcieux des collègues mâles à l'égard de leurs collègues féminines.

Rappellez-vous quand Belinda a traversé la Chambre. On l'a traité de pute, de blonde, de conne et de pire encore...Pourtant Emerson, lui, a traversé la Chambre et même s'il y a eu un vent de protestation, je n'ai pas entendu d'attaques où on le traitait de prostitué.

Et là, Norman Spector (ancien homme fort de Mulroney) en rajoute en commentant l'affaire de la "chienne", il traite publiquement Belinda de "bitch" et estime que la seule raison pourquoi on en parle autant, c'est que la moitié de la tribune de la presse est composé de journalistes femmes.

ayoye.

Ok, mettons quelque chose au clair. La politique, c'est un sport de contact. Oui. Y'a pas une femme en politique qui ne le sait pas. Les femmes ne font pas de politique pour être traité comme des princesses. Ceci étant dit, quand on est en politique, il faut savoir contrôler sa bouche et ses propos. Qu'un politicien (homme ou femme) dit des conneries ou des propos qui frôlent la haine (traité une collègue de pute, on s'entend que c'est très proche de la haine, non?), c'est inacceptable.

Qu'un politicien pense, dans sa tête et dans sa vie privée, que les femmes sont des "bitch", bon, à la limite je ne trouve pas que c'est le genre de gens qu'on devrait élire mais c'est son affaire. Qu'un politicien dise publiquement que les femmes sont des "bitch", là, il y a problème. Parce qu'il représente des dizaines de milliers de personnes. Est-ce que des dizaines de milliers de personnes pensent que les femmes sont des bitchs? Si mon député traitait une collègue de bitch, je peux vous garantir que je lui enverrai un joyeux courriel lui demandant des excuses et qu'il perdrait mon vote à jamais.

Pensez-y. Que Spector puisse publiquement soutenir, sans problème, en 2006 que la seule raison pourquoi on en parle, c'est parce que la moitié des journalistes sont des femmes, moi je trouve que, bien humblement, ça frôle le discours entendu par certains hommes violents... "Qu'elles restent à la maison!", "Qu'elles fassent des enfants!","she asked for it", "c'est de sa faute, elle portait une mini-jupe", "dans le fond, elle aimait ça".

Loin de moi l'idée de dramatiser encore davantage. Mais dans ma petite tête à moi, la marge est très faible entre la mentalité de Marc Lépine qui laisse une lettre disant que les femmes sont responsables de ses échecs, que s'il n'y avait pas de femmes à la Poly, il aurait été accepté et entre les propos récents de nos joyeux politiciens, Mackay, Spector et les autres (et ils sont plus nombreux qu'on l'imagine), qui soutiennent que s'il n'y avait pas de femmes dans la tribune de la presse, on ne parlerait pas de cette histoire, que Belinda est une chienne, qu'une autre devrait "retourner à son tricot" et ainsi de suite.

Imaginez, vous êtes un jeune homme pré-adolescent et vous entendez ces propos dans les nouvelles "she's just a bitch". Quelle image ça vous donne de la société? On repassera pour la campagne "mettre fin au bullying".

Je constate à très grand regret qu'à l'aube du 21e siècle, je devrai probablement, en tant que jeune femme, me battre à nouveau pour conserver les acquis pour lesquels ma mère et ma grand-mère se sont battues. C'est jamais gagné.