Nick Primiano et FACE

Bon alors voilà. Il y a quelques temps, j'ai envoyé cette lettre d'opinion à La Presse et Le Devoir. Mais puisqu'elle ne semble pas avoir été publié, et bien la voici :

La CSDM doit expliquer le départ de Nick Primiano

C'est avec stupéfaction que j'ai appris le départ il y a quelques jours de Nick Primiano, directeur général de l'École FACE. En poste depuis au moins une quinzaine d'années, Monsieur Primiano est l'illustration même de l'esprit de FACE, cette école publique unique, qui permet aux étudiants de développer leur plein potentiel humain à travers une approche orientée sur les arts.

De par son dévouement, son implication et son souci de bien connaître les étudiants, le directeur a su faire une différence dans la vie de milliers d'étudiants de FACE. Pour ma part, FACE a joué un rôle essentiel à faire de moi la personne que je suis devenue aujourd'hui (tant dans mon implication communautaire que ma carrière), plus de 12 ans après mon départ de cette fantastique institution.

Alors que j'étais présidente du conseil étudiant de FACE et que la déconfessionnalisation des écoles pointait à l'horizon, j'étais troublée par la possibilité que l'école pourrait passer de la Commission des écoles protestantes du Grand Montréal à la Commission des écoles catholiques de Montréal, maintenant la CSDM. Pour avoir étudié dans une école publique de la jadis CECM avant de joindre FACE, j'avais de sérieuses réserves sur le sort que réserverait la CSDM à une école spéciale comme FACE. Je soupçonnais que la CSDM voudrait sans doute diminuer les ressources investies à l'école et peut-être même mettre fin au programme unique qu'offre cette école publique. En fait, j'étais convaincue que la CSDM ne croirait pas en FACE. Aujourd'hui, mes craintes sont ravivées et je remets sérieusement en question la décision de la CSDM; mes craintes sont d'autant plus motivées par l'absence d'explication de la part de la CSDM sur cette décision importante qui affectera grandement la dynamique de FACE.

Pourtant, FACE devrait en fait servir d'exemple à suivre pour l'ensemble de la CSDM dont le dossier est loin d'être reluisant en matière de taux de décrochage, d'implication étudiante et de sens d'appartenance de ses étudiants. Non seulement l'école FACE crée un sentiment d'appartenance unique chez ses étudiants, comme en témoigne la mobilisation des anciens étudiants face au départ de M. Primiano, mais FACE fait bien plus : elle développe des citoyens. La grande majorité des étudiants « Faciens » demeureront, pour le reste de leur vie, impliqués dans leur milieu et feront changer les choses afin de faire de notre société un meilleur endroit où vivre, ce que bien peu d'écoles peuvent se vanter de faire de nos jours. De plus, le taux de décrochage cette école publique frôle le zéro absolu et ses étudiants démontrent une ouverture unique aux autres, alors que l'école permet la cohabitation d'anglophones et de francophones de cultures diverses dans l'harmonie et le respect des différences, un autre aspect important de l'éducation des citoyens de demain en ce début du 21 e siècle.

La CSDM a le devoir de s'expliquer publiquement sur le départ, volontaire ou non selon les sources, de Nick Primiano. La commission scolaire doit aussi faire le point sur le sort qu'elle réserve à l'École FACE pour les années à venir. Bien qu'un programme comme celui de l'école peut coûter plus cher que celui d'une polyvalente moyenne, les résultats de l'école et le succès sur la scène nationale et internationale des anciens étudiants témoignent hors de tout doute qu'il s'agit là d'un investissement minimal compte tenu de l'apport à long terme sur l'ensemble de la société des anciens de FACE.

Nick Primiano est l'exemple même du directeur modèle. Il s'implique auprès de ses étudiants, il est dévoué, impliqués et sa porte est toujours ouverte. M. Primiano a su faire une différence dans la vie de dizaine de milliers de jeunes. La situation actuelle est inacceptable et doit être dénoncée. L'absence de justification de la part de la CSDM sur cette situation douteuse relève quant à elle de la mauvaise foi.

Un des principes clés que m'a enseigné FACE est de questionner les décisions et de me lever debout pour défendre mes valeurs et m'assurer que les décisions soient toujours prises pour le bien de notre société. Je tiens donc à élever ma voix aujourd'hui et réclamer des explications.

Julie Bélanger est une ancienne étudiante de l'école FACE et a été présidente du conseil étudiant 1993-1994.