jeudi, novembre 09, 2006

La nouvelle politique de la francophonie du Québec

Alors voilà, cette semaine, le Québec a annoncé en grande pompe sa nouvelle politique avec laquelle il veut devenir le leader de la francophonie canadienne. Le thème : « Un dialogue, une solidarité agissante »

Je me suis tappée les 32 pages de la politique. Et honnêtement, j'y ai rien vue d'excitant. Pas vraiment rien de nouveau. En fait, on y retrouve des programmes auxquels le Québec participe déjà depuis quelques années (appui à des prix Acadie-Québec, etc.). Surtout, la mention qu'on réévaluera tout ça sur une base annuelle. Donc ça risque de changer ou de disparaître après la prochaine élection au Québec. On y vante le partenariat entre l'Université de Moncton et l'Université de Sherbrooke pour la faculté de médecine (signé il y a quelques années déjà), du Bureau du Québec dans les provinces Atlantique, des Coups de coeur francophone (en place depuis plus de 10 ans), le prix Zof (qui date de 2002), les tournées théâtrales de troupes québécoises à travers le Canada (aussi en place depuis quelques années)...

Je vais vous confier un secret : j'ai beaucoup de réserves sur cette politique. Parce que ça sonne très opportuniste. Disons que c'est "ben d'adon" que cette politique-là soit annoncée à l'approche d'une élection provinciale. Et comme il n'y a pas grand chose de nouveau, j'ai surtout l'impression que le gouvernement Charest utilise en fait les communautés francophones hors-Québec pour se faire capital politique. Une grosse annonce, c'est ben beau, ça fait les nouvelles mais dans les faits, moi ça me laisse l'arrière-goût des minorités qu'on sort du garde-robe pour avoir l'air brillant et pour aider ses propres objectifs avant de les oublier de nouveau...

Pensez-y. En 2008, le Québec célèbrera son 400e et ils veulent tellement en faire l'événement de fondation de l'Amérique du nord francophone, même si ça a déjà été célébré en 2004 en Nouvelle-Écosse. Québec accueillera aussi le Sommet de la Francophonie (Moncton l'a accueilli en 1999). Alors évidemment, on veut montrer que Québec, c'est le centre de la francophonie nord-américaine. Facque on fait des belles annonces et tout le kit.

Mais dans les faits, il n'y a pas vraiment rien de neuf et je pense que le Québec ne comprendra pas plus la problématique des francophones hors-Québec. Y'aura pas vraiment plus d'ouverture. Et dans l'éventualité de l'élection d'un gouvernement péquiste, Dieu seul sait où cette politique se retrouvera... moi je pense fortement qu'elle aboutira aux oubliettes.

Et puis, il y a lieu de questionner le concept des "objectifs communs" qui fait que Québec sente soudainement le besoin de devenir le leader de la francophonie canadienne. Les combats de la francophonie canadienne sont à mon avis complètement différents des combats du Québec au sein de la francophonie canadienne. On se bat pour avoir des écoles dans sa langue, pour diminuer le taux d'analphabétisme fonctionnel qui est au-delà de 60% chez les francophones du Nouveau-Brunswick. On se bat pour que notre gouvernement nous parle dans notre langue. C'est loin des revendications actuelles du Québec il me semble.

On pourrait même débattre de l'idée que la nation du Québec a autant d'objectifs communs avec la francophonie canadienne que la France a d'objectifs communs avec le Québec.

Des discours, des discours mais pas beaucoup d'action...

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