La vraie nouvelle à mon avis dans la décision du ministre de l'industrie Maxime Bernier de passer outre une (autre) décision du CRTC hier en annonçant la déréglementation du marché des télécommunications m'amène à m'interroger sur les intentions des conservateurs face au CRTC.
Certains diront que je suis complètement parano. Mais après toutes les coupures faites par les conservateurs, incluant la fermeture de 12 des 16 bureaux de la condition féminine, on s'entend-tu pour dire que ma paranoïa a peut-être raison d'être?
Si on prend un peu de distance de l'annonce d'hier, on réalise que les conservateurs, de façon générale, n'ont jamais vraiment aimé le CRTC et y voit là un organisme beaucoup trop interventioniste à leur goût. Après tout, c'est là la base même de l'approche conservatrice : réduire l'interventionisme de l'état, laisser le marché régulariser les situations commerciales, etc.
Et là, de voir Maxime Bernier passer outre une deuxième fois à une décision du CRTC, je ne peux m'empêcher de penser que ce n'est pas des bonnes nouvelles pour le futur et l'existence même du CRTC.
Bernier va briser des décisions du CRTC et ensuite, il pourra annoncer la fin du CRTC en disant "bah de toute façon, ça donne rien cette grosse bête là"... Et là, on sera tous perdants.
Parce que dans le lot des nombreuses tâches du CRTC, on retrouve la mise en place de quotas canadiens et francophones dans les stations de radio. Je vois d'ici Harper, Oda et Bernier dirent que les médias sont assez grands pour s'autorégulariser et que tout fonctionnera pareil, que les artistes francophones vont continuer de bénéficier de temps d'antenne, tout comme les artistes canadiens.
N'importe qui qui a déjà travaillé dans des médias canadiens, particulièrement des radios, et qui n'est pas propriétaire avec un intérêt évident à la disparition des fameux quotas sait très bien que rien n'est moins vrais. La majorité des radiodiffuseurs, surtout du côté francophone, haïssent les quotas. Ça limite les choix de la programmation et ça force les radios à jouer du contenu canadien, que plusieurs radiodiffuseurs jugent moins bons que les gros hits américains.
Et puis dans des communautés où les francophones sont minoritaires, une disparition des quotas francophones obligatoires accélérerait l'assimilation des jeunes francophones et diminuerait leur exposition à des artistes francophones et canadiens.
Bref, je pense que c'est de très, très mauvaises nouvelles de voir Bernier "casser" des décisions du CRTC à répétition comme il le fait présentement.
Et c'est là toute l'ironie de la politique : si on crie au loup en mettant en garde la population contre des futures coupures, on nous traite de paranoïaque (rappelez-vous les groupes commuautaires qui reprochaient à Harper pendant la dernière campagne électorale de vouloir couper le financement des OSBL, Harper les a traité de paranos et d'être de mauvaise foi...Pourtant, force est de constater qu'ils avaient bien raison de crier gare). Mais si on est pragmatique et qu'on laisse la chance au gouvernement, qu'on attend de voir ce qu'il fera, on réalise souvent trop tard les coupures alors qu'elles ont déjà été faites et qu'il est trop tard.
Sauf qu'à la lumière de toutes les coupes faites par le gouvernement conservateur ces derniers temps, permettez-moi de penser qu'il vaudrait mieux se mobiliser DÈS MAINTENANT, pour expliquer à Harper qu'il ne doit pas toucher au CRTC!
... autre truc que le CRTC a fait : imposer des sanctions (qui ont ensuite entraîné le départ de l'animateur) à Jeff Fillion. Juste pour ça, je pense que ça vaut la peine le CRTC.
mardi, décembre 12, 2006
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2 commentaires:
Allo, je suis dans la liste de liens, Ben.P. J'ai changer d'adresse, je suis à http://cafeetudiant.wordpress.com.
Si jamais tu veux la changer !
Moi je suis extrêmement content de voir le CRTC disparaître. Est-ce qu'on a besoin d'un appareil aussi interventionniste? non.
Les quotas de contenu canadien et francophone, ça ne fait qu'encourager la médiocrité des artistes. Combien d'artistes québécois ont vraiment le talent de passer à la radio? On s'entend que c'est pas toujours très bon, non?
Quand à Jeff Fillion, c'est pas le CRTC qui l'a fait déguerpir, c'est la poursuite de Chiasson qui a donné une douche froide à Patrick Demers, proprio de la station qui a préféré larguer Fillion pour pas perdre plus d'argent.
Et les libéraux mentaient donc (miss Liza Frulla) lorsqu'ils prétendaient que le gouvernement ne pouvait rien faire contre la mort de la station CHOI. On voit bien maintenant que ça faisait leur affaire. L'hypocrisie, elle est dans les deux camps.
brem
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