mardi, janvier 16, 2007

Femmes, faites des enfants!

Lu mardi dans le National Post, à propos du non-accès à l'avortement au Nouveau-Brunswick, ce qui contrevient à la loi fédérale sur la santé et d'un front common qui se crée et qui défiera devant les tribunaux la position du gouvernement du Nouveau-Brunswick et l'accessibilité à l'avortement dans la province.

Peter Ryan, a spokesman for the New Brunswick branch of the Campaign Life Coalition, a major anti-abortion group, urged the province to stand firm.

"I'm proud of the fact that New Brunswick has restrictive policies on abortion. I believe that the restrictions are really very progressive, in the sense that they are consistent with modern science that shows the humanity of the unborn child," he said.

"And they're very consistent with the province's demographic situation. The last thing we need is more abortions and fewer babies being born in a province like this where our birth rate is so very, very low."

D'une part, on a une population adulte de 18 à 65 ans qui est analphabète fonctionnelle. De l'autre, on a un homme qui nous reproche de ne plus faire d'enfants et qui dit que plus que tout, plus que des familles qui ont les moyens d'avoir des enfants, plus que des enfants qui auront une chance dans la vie, qui grandiront dans des foyers aimants, on doit se reproduire - l'avenir du Nouveau-Brunswick en dépend.

Je ne pense pas jamais avoir rencontré Peter Ryan. Mais je me suis toujours demandé combien il avait d'enfants. Je me suis toujours demandé aussi s'il avait adopté des enfants nés au Nouveau-Brunswick. Parce que les adolescentes, sans ressources et sans soutien, les femmes qui sont dans des relations violentes et qui ne veulent pas d'enfants mais qui n'ont pas le 750$ et plus pour se payer un avortement en clinique privée, ces femmes qui mènent leurs grossesses à terme et qui donnent leur bébé en adoption - est-ce qu'on s'occupe de ces bébés? Est-ce que M. Ryan en a déjà adopté? Est-ce qu'il aide régulièrement ces enfants oubliés et laissés pour compte? Est-ce qu'il aide les mères monoparentales qui n'arrivent pas sur le 200$ et des poussières que fournit l'aide sociale au Nouveau-Brunswick?

Je suis probablement pleine de préjugés, mais ça me met très mal à l'aise quand des hommes sont à la tête de groupes anti-avortement. Comme je ne me vois pas à la tête d'un mouvement anti-vasectomie en prônant qu'il est indigne pour un homme de se faire vasectomiser, étant donné que la population de la province est en décroissance.

Ça me met aussi très mal à l'aise quand dans une société laïque, en 2007, le curé du coin sort dans la rue pour condamner l'accès à l'avortement. J'aime pas que moi, une femme laïque qui paye des taxes pour avoir accès à un système de soins de santé universel et complet, je ne puisse pas disposer de mon corps comme je l'entends.

Et svp M. Ryan, vous avez droit à votre opinion, mais ne venez pas me dire que le fait que la province limite l'avortement est une mesure très progressiste. Come on, là...

Et finalement, je suis très déçue du gouvernement libéral sur ce dossier. En tant que femme, ça me déçoit beaucoup. Je ne suis pas pour l'avortement, mais je pense que chaque femme est la mieux placée (avec son conjoint/ le géniteur lorsque possible) pour décider de ce qui est le mieux pour elle. Comme l'a si bien dit Trudeau : l'état n'a pas d'affaire dans la chambre à coucher des Canadiens - et des Néo-Brunswickoises.


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