samedi, mars 24, 2007

les pubs radio du PLQ : une claque dans la face des acadiens

Avant d'aller plus loin, laissez-moi expliquer ma biculturalité (dans le sens d'avoir deux appartenances culturelles). Je suis Québécoise. Je l'ai toujours été. Mes parents ont sans doute pleuré le soir du référendum de 80, j'ai pleuré le soir du référendum de 1995. J'étais de la grande marche pour la loi 101 à la fin des années 1980 à Montréal. Rencontrer Lucien Bouchard en 1994 a changé ma vie a jamais. J'ai présenté un mémoire aux États généraux sur l'éducation qui étaient animés par Marc-André Coallier et j'ai fièrement mis mon cégep en vente en 1995-96 pour dénoncer les réformes Marois.

Et puis 1996, je suis déménagée à Moncton, au Nouveau-Brunswick pour mes études. Je me suis fait bashée pendant 2-3 ans, comme la majorité des Québécois qui débarquent en Acadie, parce que je commençais toutes mes phrases par "oui mais au Québec/à Montréal...". J'ai fini par me taire et me renseigner sur l'Acadie et les Acadiens, particulièrement ceux de Moncton. J'ai découvert le maire Jones. J'ai découvert l'affaire de la tête de cochon. Je me suis faites envoyé promener par des anglais. J'ai entendu des "speak white". J'ai vu à la télé des anglais marcher sur le drapeau acadien le jour de la fête nationale. J'ai vu des villes néo-brunswickoises refuser de faire flotter le drapeau acadien le jour de la fête nationale acadienne. J'ai constaté que la fête nationale acadienne, le 15 août, n'est même pas un congé férié. J'ai suivi le débat qui a mené à ce compromis bizarre : pour que le drapeau acadien flotte pendant le Sommet de la francophonie à Moncton en 1999 sans trop excité les anglais, y'a fallu faire flotter le Union Jack, avec ordre de préséance au Union Jack et non au drapeau acadien. J'ai suivi l'affaire Charlebois.

Les années ont passées et je me suis intégrées à la société acadienne. J'ai compris. Et je me suis mis à détester Radio-Canada qui coupait l'Atlantique en direct parce qu'il y avait un feu quelque part à Montréal ou qu'un chien s'était fait écrasé à Longueuil.

En 2004, j'étais en Nouvelle-Écosse pour célébrer le 400e anniversaire de la fondation de la Nouvelle-France. J'étais au grand spectacle du 15 août à Halifax. Et ça me frustre profondément d'entendre Charest et cie dire que le 400e anniversaire de l'Amérique francophone sera célébré à Québec en 2008. Non seulement c'est faux, mais c'est oublier que, contrairement à ce que bons Québécois veulent croire, tout n'a pas pris naissance au Québec. Ben non, Québec n'est pas le centre du monde.

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Ce matin, je déguste mon café en lisant La Presse. La vie est belle. La radio me passe une pub politique qui dit qu'il ne faut surtout pas diviser le Québec, bla bla bla et là, soudainement "Nous sommes le seul peuple francophone d'Amérique du Nord". Ah ben Taba...!

Eille, ça va faire là. Non seulement, c'est extrêmement condescendant mais en plus, c'est oublier le peuple acadien. Les voisins d'à-côté. J'en ai vraiment, mais vraiment marre de cette attitude de Charest. Y'a 3 mois, il publie sa nouvelle politique pour la francophonie canadienne, il fait venir Christian Kit Goguen à l'Assemblée Nationale pour démontrer que son gouvernement appuie la francophonie canadienne, que contrairement aux gouvernements péquistes, son gouvernement à lui reconnaît et appuie ses voisins francophones canadiens. Les Acadiens-ci, les Acadiens-cela. Benoît Pelletier, son ministre achète pubs après pubs dans L'Acadie Nouvelle pour dire à quel point les Acadiens sont fantastiques et que le gouvernement du Québec les reconnaît.

Faudrait que Charest se décide. En fait tant qu'à moi faudrait qu'il s'excuse de ses pubs inacceptables mais bon. Ou bedon le Québec est le seul peuple francophone d'Amérique du Nord et qu'il l'assume et démontre son manque de connaissance évident de la francophonie canadienne. Ou bedon il arrête de raconter n'importe quoi.

Pour les Québécois qui ne comprennent pas trop pourquoi ça m'excite, imaginez 2 secondes que Harper achèterait des pubs à la radio en disant : il n'y a qu'un seul peuple fondateur canadien et rien d'autre. Ça vous chicoterait, non? Ben c'est la même chose.

Inacceptable.

5 commentaires:

PatTheBrat a dit...

Excellente remarque. N'oublions pas non plus les franco-manitobains, franco-ontariens et les autres dispersés un peu partout dans le ROC.

Louis Riel ça rappel encore quelque chose dans la province qui se souvient ?

Anonyme a dit...

Julie! Autre sujet...ils ont parlé de toi et de ton blog à l'émission "Les Coulisses du pouvoir" à Radio-Canada! COOL!!! Way to go girl! En bonne Acadienne, j'us pas mal impressed! ;)

Altavistagoogle a dit...

A quand la tricultuarilté Julie? Il y a plus de francophones en Ontario qu'en Acadie (500,000 contre 250,000).

Ça va venir. Bientôt la phrase "Attention, tu vas te faire luter!" aura toute sa signification en traversant la rue à Ottawa.

Patthebrat, j'ajouterais le peuple français, avec Saint Pierre et Miquelon. Et puis nos cousins Américains. Il y a plusieurs francophone aux État-Unis. Dans certaines parties de Maine et de la Louisiane, ils forment même la majorité.

Et les Caraibes? Je ne sais pas dans quel Amérique les mettres, mais il y a certainement plusieurs peuples francophones.

Anonyme a dit...

Ce n'est pas le premier a tenir ces propros.

"M. Boisclair dit être placé devant le beau défi de convaincre le dramaturge que l'élément le plus déterminant à l'appui de la souveraineté est toujours le fait que les Québécois soient le seul peuple francophone en Amérique du Nord."

et

"En ce sens, il estime que la bataille pour la souveraineté n'aurait aucun sens si les Québécois n'étaient pas le seul peuple de langue française en Amérique du Nord."

Andre Boisclair (Parti Quebecois), 10 avril 2006.

http://www.cyberpresse.ca/article/20060410/CPMONDE/60410068/5032/CPACTUALITES

"Nous sommes le seul peuple de langue française en Amérique..."

Mme Rita Dionne-Marsolais (Parti Quebecois), 6 decembre 2001.

http://www.assnat.qc.ca/fra/Publications/Debats/journal/ch/011206.htm

On retourne regarder nos nobrils respectifs?

Anonyme a dit...

Et l'ADQ aussi.

"L'Autonomie du Québec renforce les familles du Québec, parce qu'elle nous unit à nouveau et conséquemment, nous fournit les outils pour affirmer les valeurs qui sont nôtres et constituent notre identité, comme seul peuple francophone en Amérique."

http://adqsaguenaylacstjean.blogspot.com/2007_02_01_archive.html

Alors, on vote pour qui, le Bloc Pot?