C'est un sujet sur lequel je veux écrire depuis très longtemps et qui me trotte dans la tête depuis des mois et des mois.
Depuis août dernier, je demeure au centre-ville d'Ottawa. Et depuis l'automne dernier, il y a 4 voitures (incluant la mienne) avec des plaques du Nouveau-Brunswick juste sur mon petit bout de rue. Des gens qui stationnent la nuit, donc des gens qui restent dans les alentours. 4 voitures sur un petit bout de rue de rien du tout, c'est fascinant. Et comme tous les loyers alentours sont élevés (plus de 1000$/mois), on peut en déduire que c'est donc des professionnels qui avaient certainements des emplois au Nouveau-Brunswick et qui ont décidé de déménager à Ottawa où ils ont aussi une job. À 2 coins de rue de chez nous, une bonne amie a aussi loué un appartement le mois dernier, après être retournée à Moncton après avoir habité à Ottawa pendant quelques années. Elle avait entendu parlé du "buzz" à Moncton et avait décidé de revenir à Moncton. 8 mois plus tard et pas de vraie job intéressante, elle est revenue à Ottawa. Où elle s'est rapidement trouvé du travail, une job de bureau qui rapporte plus de 50 000$/an.
En fait, c'est complètement fascinant le nombre de jeunes professionnels du Nouveau-Brunswick qui sont maintenant à Ottawa. Il y a quelques semaines, je me suis ramassée dans un bar branché avec une dizaine de personnes, toutes du Nouveau-Brunswick, tous des jeunes entre 25 et 35 ans, tous célibataires ou en couple mais un couple généralement nouveau et pas marié et sans enfant, tous qui sont soulagés d'être à Ottawa. C'est frappant.
On discute, on jase et le consensus qui se dégage autour de la table est frappant. Le Nouveau-Brunswick, et Moncton n'est pas en reste, n'est pas un endroit accueillant et agréable, pour des jeunes branchés célibataires de 25 à 35 ans. Les filles trouvent qu'il n'y a pas de bons mecs célibataires avec du potentiel de 30 ans à Moncton. Y'a les 4 mecs que tout le monde connait et qui sont des gros courreurs de jupons (ben non, je les nommerai pas mais écoutez, si vous sortez un peu, vous en connaissez sûrement un ou deux) et sinon, y'a des gars mariés, des gars saoûls pis des gars qui ont des bizarres de problèmes divers.
Un mec, Guillaume, explique que lorsqu'il a fini ses études à l'Université de Moncton, il avait 40 000$ de dette et que le meilleur emploi qu'il a trouvé payait 35 000$ alors qu'à Ottawa, il a pu facilement trouvé un emploi de plus de 50 000$. Yan quant à lui explique qu'à Ottawa, c'est plus facile de voyager, qu'il y a des vols internationaux vers le monde et que même en ville, on peut trouver des restos et d'autres ressources ethniques très facilement.
-Mais des loyers à plus de 1000$, ça vous écoeure pas? Et l'imposibilité, à moins d'être Belinda Stronach, de s'acheter un condo au centre-ville?
Phil répond tout de go : ouais mais au moins ici, je peux payer mes assurances auto et si jamais j'ai des enfants, je pourrais payer la garderie.
Caroline est encore plus cinglante : au moins ici, mes enfants - si j'en ai - pourront apprendre le français et l'anglais à l'école et sauront l'écrire comme il faut. Et c'est pas les universités de qualité qui manquent quand ils seront grands. (ouch!)
C'était une conversation super intéressante mais en même temps, ça démontre un malaise extraordinaire. Y'a pleins de jeunes professionnels qui ont, dans plusieurs cas, tenter de faire une carrière au Nouveau-Brunswick mais qui ont décidé de quitter Moncton et d'autres villes pour profiter, essentiellement, de meilleures opportunités professionnelles et une meilleure qualité de vie.
Bernard Lord, jadis premier ministre, avait tenté de convaincre des jeunes professionnels de revenir au Nouveau-Brunswick sans grand succès à ce que j'en comprends. Le groupe de travail sur l'autosuffisance du Nouveau-Brunswick aussi parle de rapatrier des jeunes professionnels.
4 voitures juste sur ma rue et pleins de jeunes professionnels partout en ville. Y'a un malaise là. Et après en avoir jasé avec tous ces gens, dont la majorité que je n'avais jamais rencontré de ma vie, je constate que le Nouveau-Brunswick a encore beaucoup de chemin à faire pour convaincre ses jeunes de revenir. Y'a quelque chose qui manque, de toute évidence. Je ne peux pas dire quoi, je ne peux pas l'expliquer mais il y a quelque chose là et je ne pense pas que ni le gouvernement du Nouveau-Brunswick ni le groupe de travail sur l'autosuffisance en prend encore la pleine mesure...
mardi, mai 01, 2007
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4 commentaires:
Tu vois à t'entendre, je croirais que tu parles de Québec...
Certes le malaise n'est pas le même, mais on sent quand même que les gens veulent aller à Montréal pour réussir.
Est-ce que l'herbe est toujours plus verte dans la ville ou la province voisine?
- "Y'a un malaise là."
Tu as absolument raison. Ça fait longtemps que j'exprime mes inquiétudes à ce sujet, mais jamais de façon si éloquente. Bravo!
Moi (avec ma douce moitié), je me suis installé à Montréal (et non à Ottawa), mais j'ai beaucoup d'amis qui se retrouvent dans la capitale. Nous sommes plusieurs ici à Montréal aussi.
Phil a raison. Il y a des jobs à Moncton, mais elles ne paient pas. C'est encore un endroit difficilement accessible pour des jeunes éduqués qui veulent être récompensés pour leurs connaissances, leurs habiletés et leurs acquis.
Il y avait, récemment, un super poste de direction à l'Université de Moncton, mais le salaire n'était que de 42 000 $ Pour un poste de direction!!! Ici, c'est le salaire du personnel de soutient.
Caroline, pour sa part, est complètement dans le champ (j'essaie vraiment d'être gentil). Il n'y a aucun empêchement d'apprentissage linguistique dans la région de Moncton. Je suis issu de ce milieu et, quoique je ne sois ni Molière ni Shakespeare, je peux parler et écrire correctement...dans les deux langues.
Je parierai que Caroline est originaire du Nord de la province.
Ouf! Où commencer? Moi je suis un "jeune" professionnel (bref, je n'ai pas encore 40 ans...) qui habite Moncton avec ma femme. Tout les deux hautement scolarisés (pas pour avoir l'air prétentieux, mais pour expliquer...), nous avons fait nos études ici à Moncton et ensuite ailleurs (Halifax, Ottawa), pour ensuite revenir à Moncton en raison de mon emploi. Heureusement, après quelques années, ma femme a réussi a trouver un bon emploi. Maintenant, tout va bien, et j'avoue que nos salaires, très concurrentiels par rapport à la norme nationale dans nos domaines respectifs, "vont loin" à Moncton. C'est l'un des avantages, j'imagine. Cela dit, je sais très bien que nous sommes peut-être un cas d'espèce en ce que les bonnes jobs ne courrent vraiment pas les rues à Moncton! Les départs en masse vers les grandes métropoles sont chose courante.
Parallèlement, Moncton connaît un boom démographique et une migration massive en provenance du Nord de la province. Évidemment, il y a des gens à qui Moncton plaît, mais il faudrait avoir plus de données sur les motifs de cette migration (on les connaît déjà partiellement, mais pas tous). Et comme nous le savons, c'est du côté francophone que se fait ce boom et cette migration. La dynamique qui y est créée - sur les plans social, linguistique et géographique - est pour le moins fascinante, mais cette croissance va sans doute un jour s'estomper. Et c'est peut-être à ce moment que l'effet des départs se fera vraiment sentir.
Enfin, je suis d'accord avec vous pour dire que le gouvernement devra mettre les mains à la pâte s'il veut changer la donne. Et ce n'est sans doute pas de cette prétendue commission que nous viendrons les bonnes solutions. Bref, tout ça pour dire que n'eût été de mon poste à Moncton il y a 10 ans, il y a fort à parier que, aujourd'hui, mon épouse et moi ferions partie des exilés, comme vous.
Ouf, J'arrete pas d'y penser. Ca vient par vagues... desfois j'me dis que je on est bien a Moncton, 'ca feel comme chenous', mais autant souvent je me dis qu'on pourrait faire beaucoup mieux professionellement dans une plus grosse ville.
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