Souvent les gens ne comprennent pas trop ce qu'on fait, nous les explorateurs urbains. Y'a Brem y'a pas très longtemps qui m'a envoyé un lien vers une page web d'une de nos missions les plus ninja. Y'a La Presse qui en parlait récemment et The Gazette aussi.
Souvent mes amis ne comprennent pas (mon père notamment). Oui mais, kossé tu vas faire dans des édifices abandonnés qui tombent en ruine??? Je vais voir. Je vais documenter notre histoire récente en prenant un maximum de photos. Des fois on fait des petites rectifications au sujet de l'équipement qui a été déplacé ou des choses qui ont été brisées. Des fois, je protège des morceaux (comme mettre une vieille couverture sur un vieil orgue casavant dans une église abandonnée, pour tenter, comme on peut, de le protéger de l'eau qui coule du toit et de la merde des pigeons).
Des fois je risque ma vie aussi, même quand franchement, ça en vaut pas nécessairement la peine. Souvent je prends des risques. Comme traverser un vide de 10 mètres de profond en m'agrippant aux vieux tuyaux rouillés qui tiennent au mur pour enjamber le vide, après avoir glissé par le cadre assez coupant d'une vieille fenêtre, pour finalement accéder à une des plus belles vues de Montréal. Quelques fois, ça me prend des années pour documenter un endroit abandonné, rechercher son emplacement exact puis trouver un moyen d'y accéder. Pourquoi tout ça, vraiment?
Parce que l'exploration urbaine, c'est devenir témoin de notre histoire collective. C'est marcher dans notre histoire et comprendre comment ça fonctionnait dans le temps. C'est développer une expertise à la fois pointue et large. Explorer une vieille tour de contrôle du CN et écrire à une association de retraités pour savoir ce que POV, qui est écrit partout sur les tableaux de contrôle, veut dire. C'est comprendre comment un Humphrey Manlift fonctionne. C'est actionner une vieille presse à bras qui servait pour imprimer les prières d'une abbaye cistercienne, où chaque caractère d'imprimerie était assemblé à la main pour faire des mots, des phrases, des textes, qui sont ensuite imprimés. C'est découvrir des vieux tunnels abandonnés qui débouchent sur des rues qui n'existent même plus.
Bref, malgré tout ça, beaucoup de mes amis sont fascinés par mes photos de ces endroits mystérieux mais ne comprennent pas trop ma passion.
Et là, il y a cet article extraordinaire dans le Figaro qui explique que des explorateurs urbains de Paris (sans doute aussi cataphiles!) ont trouvé moyen de mettre la main sur rien de moins que les clés du Panthéon. Pour y faire des graffitis? Pour y faire de la casse? Ben non! Pendant un an, ils sont rentrés le soir en katimini pour...réparer l'horloge!
Et ce n'est pas exceptionnel. À Montréal, après avoir réalisé que des voleurs démontaient et volaient les vitraux de l'église St-Sauveur, plusieurs d'entre nous ont contactés la Ville de Montréal pour l'en aviser et lui demander de sécuriser l'église, question d'arrêter les vols et protéger notre patrimoine. Ça aura pris du temps mais la ville a fini par sécuriser l'église. Finalement. C'est moins sensationaliste que d'envoyer nos photos au journal de Montréal pour avoir une une du genre "On vole notre patrimoine" mais pour nous, c'est important.
À Buffalo, des explorateurs se sont joints à d'autres amateurs d'histoire pour acheter le Buffalo Central Terminal et depuis quelques années, ils tentent très très forts de restaurer le tout (sans subvention, c'est difficile). Au moins, leurs interventions et leurs corvées publiques (ils invitent toute la population à aider pendant une journée) ont permis de stabiliser l'immeuble, de le sécuriser et d'en éviter la dégradation supplémentaire.
L'exploration urbaine, c'est pour moi un moyen de se réapproprier ma ville et la planète.
Bon, maintenant si on pouvait juste sauver la passerelle de la Place des nations qui menace dangereusement de s'effrondrer... Y'a un menuisier dans la salle??? J'imagine la face de l'administration du Parc Jean-Drapeau...
Petit ajout : Ah pis dans la catégorie "Holy cow, méchante découverte de fou, je veux tout lâcher, prendre l'avion et y aller tout de suite", y'a un explorateur qui a découvert un vieil hôpital abandonné de la deuxième guerre mondiale, caché, creusé à même la falaise et pas visiter depuis... au moins 50 ans. Incroyable découverte! Ça, c'est ce à quoi je rêve et ce sur quoi je fantasme.
vendredi, septembre 07, 2007
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