15 octobre 1997

J'ai toujours eu un esprit très compétitif. J'ai toujours été première de classe. J'ai toujours tout fait plus jeune que tout le monde. J'ai toujours tout compris plus vite que tout le monde. Et on dit que les gens qui se ressemblent s'assemblent. J'ai un ami en communication, lui aussi. Lui aussi, il a toujours été premier de classe. Lui aussi, il a toujours tout fait avant tout le monde. Lui aussi, il a toujours tout compris avant tout le monde. On est pratiquement au même niveau. Et on est assurément les meilleurs amis du monde. On se suit dans nos carrières, j'ai un show de radio, il a un show de radio, je fais de la télé, il se met à faire de la télé...On a même failli avoir une promotion en même temps et les deux, on l'a ratée...On ne fait pas la même chose et on n'a pas le même style mais c'est pareil. Mais voilà, sur certains aspects, il me dépasse carrément. Des choix de vie, que je ne regrette nullement mais bon, qui ont fait de certains aspects de sa vie, une vie différente de la mienne et que je réalise aujourd'hui. À 16-17 ans, je suis partie. à 21 ans, il y est toujours. Ca m'a permis de vivre la réalité de la vie. Ca lui a permis d'acquérir, avec son argent ainsi économiser des centaines et des centaines, qui sait sans doute un millier, de disques comptacts, très pratique quand on fait de la radio. J'en ai 125 au plus. En novembre, j'aurai 21 ans, je serai à Montréal et je fêterai le tout en allant voir Elton John avec lui. En janvier, il aura 21 ans et il sera en France pour 2 ou 3 semaines, avec sa blonde (le tout à ses frais à lui). (Pour vous dire à quel point on se suit, mes 18 ans, je les ai fêtés à Cuba...). Je ne regrette pas mes choix, je les assume entièrement. Je suis contente des années passées en appartement, sur le plateau Mont-Royal, à prendre le métro bondé et à marcher à chaque début du mois, en attendant la première paye pour acheter notre carte et à manger du macaroni avec du jus de tomate (moins cher que la sauce). Sa vie n'est ni mieux, ni pire que la mienne mais pour la première fois de ma vie, je réalise que quelqu'un me dépasse. J'arrive à peine à compétitionner avec lui et son mur au complet de cd's, ses haut-parleurs à 2000$ et ses écouteurs pour faire de la radio à 300$ ainsi que son discman jaune sony à 250$...Je n'ai pas, de mes poches et ni de celles de mes parents, 5000$ pour aller fêter en France en amenant mon chum. Mais j'ai l'expérience de la vie (et de la survie), de la fin du mois et du loyer et des trop nombreux et trop chers comptes, des soirées de Kraft dinner et des rouleaux de cennes noires pour prendre l'autobus, sans oublier les chicanes mais aussi les nombreuses discutions sur la vie, entre colocs. La vraie vie, la réalité. Je ne juge pas, c'est ma vie et c'est la sienne. Mais (et je sais que je n'ai pas raison en disant cela), la vie des autres est tellement plus belle et mieux que la nôtre, hein? Bien sûr, je le dépasse dans d'autres domaines, j'ai beaucoup plus d'expérience télé que lui, j'étais où il est présentement en télé quand j'avais 12 ans...Mais quand même. Je suis très fière de ma vie et en même temps, on dirait que sa vie est la vie que j'aurais voulu faire...C'est très dure quand on a toujours été première partout de constater qu'on a de la sérieuse compétition, forcément ca nous remet en question...C'est très insécurisant.


" Et si, au creux de toi, il y avait un rêve endormi. Si tu décidais de le réveiller, doucement d'abord, puis en lui criant à tue-tête que tu as envie de lui. Et si, charmé par ta volonté, ton rêve sortait de sa torpeur et qu'il s'éveillait au beau milieu du chapiteau. Imagine la tête qu'il ferait." Cirque du Soleil