Je me souviens dans ma toute jeune enfance, avoir le souvenir de mes grands-parents qui parlaient de la souveraineté et qui fermaient immédiatement la porte à cette option en disant des trucs du genre "on va perdre notre pension!" ou "on va perdre nos économies!"
Quelques années avant, l'armée avait débarqué dans les rues de Montréal, des gens se faisaient arrêter sans réelles raisons (tiens, quelle bizarre de parallèlle avec les certificats de sécurités actuels, enfin) et des boîtes à lettres explosaient mystérieusement.
Alors quelques années plus tard, quand Lévesque a fait son entrée sur la place politique et qu'un vent référendaire était dans l'air, je comprends que les grands parents ont cru Ottawa et les fédéralistes quand on leur a dit qu'ils pouvaient dire au revoir à leur fond de pension s'ils votaient oui à un référendum.
Et puis le discours fédéraliste a évolué. Lentement. Mais sûrement. Et puis on s'est mis à se parler des vraies affaires. Les pour et les contre de la souveraineté du Québec et non les méchantes menaces. On a arrêté de se faire peur comme des enfants de 5 ans et on s'est regardé droit dans les yeux.
On peut être pour la souveraineté, on peut être contre. Mais faut arrêter de se raconter n'importer quoi. Le Canada ne pourra pas ignorer complètement le poid économique du Québec et forcément, il devra faire des affaires avec. Le Québec ne sera pas nécessairement moins taxé et choisir la souverainté ce n'est pas la solution miracle parce que faudra quand même payer pour les services que les Québécois utilisent. C'est juste qu'au lieu de faire 2 déclarations d'impôts, faudra en faire une. Mais je doute que le taux d'imposition diminue soudainement de moitié. Et y'a l'option de réinventer le Canada : une vraie confédération digne de l'union Européenne. Moi ça m'excite beaucoup cette option.
Bref, tout ça pour dire que le Québec, C'est comme un jeune adulte. Il est probablement prêt à partir en appartement mais il peut aussi rester à la maison sans problème. Sauf que la famille devrait être capable d'avoir une vraie discussion sur partir ou ne pas partir de la maison sans se faire des à-croire que personne ne croit trop. Comme de dire que dehors, c'est dangereux, que les rues sont pleins de drogués, que le jeune adulte ne pourra pas survivre dans cet univers chaotique.
30 ans plus tard, ça me déçoit beaucoup de voir Charest ressortir une approche qui appartenait à, je pensais, une époque révolue. Celui du boogeyman fédéraliste. "Si vous votez pour les méchants zéparatistes, vous allez perdre vos pensions". "Si vous votez pour les méchants zéparatistes, vous allez plongez le Québec dans le chaos et l'anarchie". "Si vous votez pour les méchants zéparatistes, Ottawa va arrêter dès le lendemain de l'élection d'envoyer de l'argent".
Le PQ a été élu avant et Ottawa n'a pas arrêté les paiements de transferts. Anyway, ces peurs de boogeyman dans ma famille n'ont jamais fait peur qu'à mes grands-parents. Et je ne sais pas pour votre famille, mais moi tous mes grands-parents sont morts, enterrés et décomposés alors ils n'iront pas voter.
Facque il est où le public-cible de Jean "Boogeyman" Charest? Dans les cimetières? Nous ne sommes plus en 1970, faudrait que quelqu'un le dise au boogeyman.
mardi, février 27, 2007
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3 commentaires:
La semaine dernière, un chroniqueur du National Post, David Coyne, qui est un thuriféraire d'un gouvernement central fort, se demandait même si l'élection d'un gouvernement Boisclair n'était pas ce qui pourrait arriver de mieux.
Bien sûr, tous les gouvernement provinciaux essaient d'arracher le maximum d'Ottawa, mais, à la différence des autres, un gouvernement québécois fédéraliste peut brandir la menace que représente le PQ et le mouvement nationaliste en général. Le gouvernement fédéral se sent alors obligé de lui faire des concessions, déplore Coyne. Au moins, devant un gouvernement péquiste, Ottawa peut avoir l'attitude ferme qui convient.
Quant à un éventuel référendum, Coyne voit trois possibilités: 1) le PQ le perd; 2) il n'ose pas le tenir, ce qui revient au même; 3) il le gagne, le chaos s'installe et le gouvernement péquiste s'écroule en quelques jours. Bref, pour en finir une fois pour toutes, un bon fédéraliste devrait voter PQ!
-Michel David
Excellent article.
Je suis moi aussi un fédéraliste de "bonne foi" qui ne brandit pas d'épouvantails alarmistes pour appuyer mon option fédéraliste.
Sauf que là où je me questionne Julie, c'est comment tu réconcilis ton amour pour Stéphane Dion avec l'attitude de fédéraliste "fair play" et qui ne démonise pas l'option souverainiste que tu prônes? Stéphane Dion a été le premier à brandir la menace partitionniste - un terrain glissant et de mauvaise foi. Est-ce que Stéphane Dion est lui aussi un fédéraliste boogeyman? Je pose la question parce que je me demande sincèrement.
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