vendredi, février 23, 2007

Nous sommes tous responsables de mettre fin au bullying


Hier, les médias du Nouveau-Brunswick ont annoncé le suicide de Marco Pitre, directeur général de la Ville de Shédiac. Monsieur Pitre, était en congé de maladie depuis près d'un mois semble-t-il, il vivait une dépression.

C'est qu'à l'automne dernier, une lettre anonyme circulait auprès des conseillers municipaux et du maire dénonçant les "dépenses excessives" de M. Pitre. Le conseil avait lors fait enquête et n'avait rien trouvé d'excessif dans le fait que M. Pitre réclame son per diem lorsqu'il doit participer à des lunchs d'affaires au nom de la ville ou lorsqu'il doit se déplacer et représenter la ville à des événements divers.

Il y a quelques semaines, la même lettre anonyme a refait surface. Ça aurait, semble-t-il, contribuer à plonger M. Pitre dans une dépression encore plus importante et aurait contribuer, par la bande et de façon détournée, à son suicide.

Bien que j'ai croisé M. Pitre à bon nombre d'occasion, notamment lors de la bataille pour sauver l'Hôtel Shédiac, je ne connais pas personnellement Marco Pitre. Il m'a toujours semblé être un homme impliqué qui prenait son travail au sérieux.

Sauf que je compatie beaucoup avec son désespoir. Parce que tout au long de ma vie, j'ai été victime de bullying. Et quelques fois, le bullying était assez important pour me faire envisager le suicide. Alors bien que je ne suis pas passée aux actes, je comprends tout à fait M. Pitre.

Un des plus grands mythes du bullying, c'est que ça s'arrête avec la fin de l'adolescence. Le bullying, ça continue toute la vie. Des jeunes cons ne deviennent pas nécessairement des adultes plus brillants. Et les adultes sont aussi la cause de commentaires déplacés et innacceptables. Les jeunes n'en ont pas l'exclusivité.

Alors que j'étais à l'Université de Moncton, j'ai eu un épisode sur ce blogue qui m'a entraîné des appels obscènes la nuit à la maison et des oeufs dans mes fenêtres. Un prof (un adulte dans la fin de la trentaine) avait même contribué à cette escalade de conneries. Alors que j'étais présidente des Médias Acadiens Universitaires Inc. j'ai compris que le directeur-général de CKUM que j'avais contribué à engagé se faisait une habitude de rire de moi (et de mon poids) dans mon dos auprès des employés et des bénévoles de la station. Cette situation a ruiné mon autorité au point où le DG a contribué à une espèce de mutinerie des animateurs qui ont alors réclamé mon départ du C.A. J'ai aussi un prof qui ne m'aimait pas et qui a contacté plusieurs de mes employeurs futurs pour leur déconseiller de m'engager. À un moment, des courriels ont été envoyé à mes profs leur disant de ne pas hésiter à me faire couler mes cours. Ma vie, bien humblement, a été remplie de moments où j'ai douté, où j'ai pleuré et où j'ai souvent souhaité voir la fin arriver parce que ça semblait moins douloureux que les moments que je vivais. Je dois l'admettre. J'ai même souhaité, il y a quelques années, être diagnostiquée d'un cancer rare, question d'en finir sans avoir à organiser un suicide.

Vous savez, lorsqu'une personne décide de tenter de contribuer à faire une différence dans la société, elle devient automatiquement une cible pour les autres, plus faibles, qui préfèrent l'inertie ambiante. Parce qu'évidemment, c'est BEAUCOUP plus facile de chiâler contre le système que de tenter de le changer et d'améliorer notre société.

Alors lorsque j'entends qu'une personne s'est acharnée dans des attaques anonymes sans même avoir les couilles de se nommer et de s'identifier, vous comprendrez peut-être qu'il coule dans mes veines une certaine haine pour ce genre de bullyeur, une haine nourrie par mes propres batailles et mes propres expériences.

Faire volontairement mal aux gens, comme l'a fait l'auteur(e) de ces lettre anonymes n'est pas acceptable. Ce n'est pas acceptable à l'école secondaire et ce n'est pas plus acceptable entre adultes. Si cette personne avait des récriminations à faire, elle aurait dû y apposer son nom et aller défendre son point de vue au conseil, à travers les mécanismes qui existent et qui sont en place pour se plaindre. Si cette personne ne voulait pas que son nom soit associé à cette histoire, fallait juste se taire.

Aujourd'hui mon coeur est avec Marco et sa famille ainsi que ses amis. Mais mon coeur est avec aussi avec tous ceux qui font face à du bullying, enfants comme adultes. Le bullying n'est pas acceptable et nous sommes tous responsables d'y mettre fin. Lorsque vous entendez des commentaires déplacés, levez-vous debout et expliquez à l'auteur(e) que ces commentaires ne sont pas acceptables. Lorsque vous voyez quelqu'un qui vit un moment difficile, parlez-lui, demandez-lui si ça va, si vous pouvez faire quelque chose pour l'aider. Parlez à la personne qui cause du bullying. Expliquez-lui que ces commentaires sont déplacés et qu'ils font mal.

Il est possible de mettre fin au bullying. Moi j'ai rayé de ma vie bien des gens à qui je ne parle tout simplement plus, même si je suis en leur présence à divers événements. J'ai menacé de poursuite légale une individu en situation d'autorité qui me bullyait. J'ai changé d'emploi à un certain point pour changer de milieu. Mais surtout, j'ai apprécié ceux qui, tout au long de ma vie, sont venus me voir et, même très humblement et peut-être sans vraiment s'en rendre compte, m'ont aidé lorsque j'étais en difficulté.

La prochaine fois que vous verrez quelqu'un tomber, offrez-lui un coup de main pour se relever. C'est le seul moyen de s'assurer que nous, collectivement, ne laissons plus de Marco tomber sans se relever. C'est le seul moyen d'améliorer notre société.

R.I.P. Marco

3 commentaires:

scott a dit...

Sorry to hear about the unfortunate bullying that you received while at U de M, Julie. It really sounds like a few ppl need to get a life there.

As for Marco Pitre, I did not even know the man, but just the same, I had heard the aweful rumours going around about him during the last NB Election when I spoke with a few ppl in th Cape Pele and Shediac area. It's ashame that ppl can be so cruel, and to boot, some don't even think they are being unfair.

I, myself, went through some very tumultuous times while working in Ottawa. PPl, in general, were relentless in their attacks of my credibility and loyalty, to the point where it was seriously unbarable. I guess it comes with the territory of public life. However, it still isn't right.

It sounds like the pressure was too much for him. Nonetheless, I think the depression was a huge factor as well. That is why I think this suicide should trigger the need for more intensive studies and research into depression. We still do not know enough about the disease. All I know that a sh*tload of NBers face their daily routine unaware that they have this silent killer.

IMHO, I think the government should approach depression in the same manner as a physical disease like cancer or heart disease as it can have the same fatal results.

Nancy a dit...

Bravo et merci pour ce post Julie. Ayant toujours eu un probleme de poids, j'ai aussi été victime de bullying pas mal toute ma vie; surtout à l'école. Une couple de fois tellement intensément que j'ai aussi songé à mettre fin à ma vie. Ca fait drole de savoir que quelqu'un d'autre à aussi songé que ca serait 'l'fun' de pogner le cancer pour pouvoir mourrir.

Mais surtout ca me fait quelquechose de savoir qu'une femme forte comme toi que j'admire énormément à été victime de bullying aussi et à vécu les mêmes conséquences que moi. Ca me fait du bien de savoir que je ne suis pas toute seule a avoir ça dans mon passé. Que si quelqu'un comme toi a su se relever de ça et d'être une aussi forte personne aujourd'hui, peut être que ya d'lespoir pour moi et les autres pour qui l'estime de soi en souffre encore.

Anonyme a dit...

Cette histoire, autant celle de Marco que tout ce qui entoure le bullying, est très triste.

Ce qui m'assome, par contre, est que les "accusations" contre M. Pitre sont venus de lettres anonymes. Ma foi, dans un cas comme celui-là, on ne doit pas prendre des lettres anonymes comme du cash.

Je travail dans le domaine publique et les lettres de plaintes anonymes que je reçois se retrouvent, en très grande majorité, dans la poubelle.

Il y a trop de gens qui tentent de descendre les autres sans raison ou sans fondement que ces genres de lettres ne doivent pas porter trop de poids.