Sommes-nous prêts?

Ça y, j'ai vu ma première pancarte électorale et dès 11h ce matin, le cirque débarquera sur le Québec alors que Jean Charest déclenchera officiellement ces élections qui sont pourtant commencées depuis un bon moment déjà. La question, cette fois-ci à mon avis, c'est sommes-nous prêts?

De toute évidence, Charest ne s'y fera pas prendre cette fois-ci, là, il peut le dire, il est prêt. Faut que je vous dise, je n'ai jamais vu autant de bleu sur un site d'un parti libéral que sur celui de Charest. Je parierais un p'tit 20$ que lors de son discours de victoire électorale, il referra la gaffe de la dernière fois où il avait remercié tous ceux qui ont voté (ou était-ce tout les membres de...enfin) "pour le parti Conserv...heu, libéral!". Wooops. Comme on dit, on peut sortir Charest du Parti Conservateur mais on peut pas sortir le conservateur de Charest.

Je pense que Boisclair est prêt parce qu'il doit l'être publiquement mais quand dans les faits, l'équipe du PQ est loin d'être prête. Et surtout, je doute qu'elle soit prête à gouverner.

Dumont est probablement assez prêt pour se dire qu'il a peu à perdre d'une élection à ce moment-ci et qu'avec la popularité (malheureusement) montante de Harper ces temps-ci, ce vent de droite pourrait l'aider à s'envoler. Peut-être. Je ne suis pas si certaine honnêtement.

Et si y'a bien une chose dont je suis certaine c'est que Québec Solidaire, eux, sont peut-être lucides mais ne sont définitivement pas prêts. D'ailleurs, je leur donne une étoile dans leur cahier de devoir électoral pour le pire slogan depuis...les pubs conservatrices du Québec (qui depuis hier ont été retirées des ondes en passant).

Si vous vivez sur une autre planète, sachez que le slogan électoral de Québec Solidaire, c'est "Soyons lucides, votons solidaire". Ironique comme slogan puisque les gens y verront sans doute une référence au Manifeste des Lucides, qui est pas mal plus à droite que Québec Solidaire et qui contient bien peu de mesures de solidarité sociale, comme celles que nous propose Françoise David et ses Solidaires.

Bon alors puisqu'il faut se lancer dans la vie, j'y vais de mes prédictions.

Parti libéral du Québec (Jean Charest) 75 (avec moins de 50% du vote)
Parti québécois (André Boisclair) 42
Action démocratique du Québec (Mario Dumont) 5
Québec Solidaire (Françoise David) 0 (avec entre 3 et 5% du vote)

Alors mes réflexions:
-Est-ce que le PQ pardonnera à Boisclair de ne pas les mener à une victoire? Est-ce que Bernard "Phantom of the PQ" Landry fera une (je soupçonne plusieurs) de ses apparitions visant à semer la bisbille tel le méchant fantôme vis-à-vis Christine dans son opéra ? (Comme dans le méchant Phantom of the Opera)
-Face à un résultat de zéro candidats élus et un très faible pourcentage du vote, est-ce que Québec Solidaire se décomposera en s'auto-recyclant?

En passant, pour ceux qui ne suivent pas trop la politique, voici comme ça va probablement se passer :
-l'élection au Québec sera pour le lundi 26 mars
-Harper va déposer son budget à Ottawa autour du 20 mars, en annonçant pleins de bonbons pour le Québec (dont un gros chèque pour s'occuper du déséquilibre fiscal). Ça laissera une semaine (un sprint final) à Charest pour mousser sa campagne sur les résultats concrets qu'il a obtenu d'Ottawa et en disant que les Québécois et Québécoises ne devraient pas dire non à tous ces bonbons...
-Le Bloc et le Parti Libéral du Canada (et le NPD, ce qui a peu d'impact dans l'élection au Québec) devront prendre position en répondant au budget le 22 mars, forçant le Bloc à prendre position soit en faveur du budget (ce que Charest vanterait comme une preuve que Harper est excellent, argumentant que même le BQ l'appui et que donc, son gouvernement est sur la bonne voie) ou contre le budget (Charest pourra alors blâmer le BQ et par ricochet le PQ de s'opposer à l'évolution, au développement du Québec). Stratégiquement, c'est un mauvais timing pour le Bloc.
-L'élection au Québec aura lieu le 26 mars
-Le vote sur le budget à Ottawa aura lieu le 28 mars, ou quelques jours après l'élection provinciale. Ceci permettra à Charest de faire campagne sur des promesses pas encore concrétisées (et donc conditionnelles) du fédéral et une fois Charest réélu, il pourra blâmer le Bloc Québécois (et par ricochet le PQ) d'avoir nui aux intérêts des Québécois en s'opposant au budget fédéral et en entraînant donc, des élections fédérales. Tout ça en privant le Québec de tous les bonbons promis par Harper. Et Harper, à son tour, fera campagne au Québec en disant que tout allait bien, qu'il promettait beaucoup au Québec et que là, c'est de la faute au PLC et au PQ (et au NPD, au besoin) si on est en élection et que c'est de LEUR faute si le Québec n'obtient pas tout ce qui était promis dans le budget.

Faut lui donner ça, Harper est un fin renard.

Et si j'étais lui, voyant les sondages récents où sa popularité et celle de son parti sont en hausse, je donnerais PLEINS de bonbons au Québec, assez pour obliger les partis de l'opposition à voter contre le budget parce que selon eux, c'est trop et ça ne passera pas dans le reste du Canada. De toute façon, l'Ouest est largement favorable à Harper, où sa base prend racine. Donc avec des bonbons pour le Québec et un peu pour l'Ontario, le tour pourrait être joué et suffisant pour lui permettre de remporter une autre élection (mais peut-être pas majoritaire). Alors si les sondages actuels se maintiennent, pourquoi pas volontairement faire un budget tellement surréaliste qu'il sera défait? Ça permettrait à son bon ami Jean d'être réélu au Québec et il pourrait lui-même profiter en campagne des nombreux bonbons promis sans devoir en assumer les conséquences puisque le budget serait alors défait.

Mais honnêtement, j'espère qu'on se tappera pas deux élections à la chaîne, une au Québec puis, deux semaines plus tard, d'une au fédéral. Parce que même moi qui trippe politique, je trouve que ça commence à être beaucoup.

Ah et une dernière chose : si le 26 mars, jour d'élection au Québec, on tombe sur une belle grosse tempête de neige, le PLQ pourrait être celui qui en payerait le prix, puisqu'en conditions difficiles, c'est généralement le vote de protestation qui sort surtout...