Alors un groupe veut profiter du 150e du Canada et du 50e de l'Expo 67 pour organiser une autre exposition universelle à Montréal. Grosso modo, le même concept que l'Expo, presque le même lieu, les mêmes paramètres et tout.
Expo 17.
Comprennez-moi bien, je suis la plus grande fan d'Expo 67 qui existe. Je fouine ces temps-ci un dossier qui pourrait impliquer de former un groupe d'amateur et d'acheter un train Expo Express et de le remettre en état (sérieux, j'ai reçu beaucoup d'intérêt, notamment d'un ingénieur électrique qui aimerait bien travailler à remettre en état le premier train entièrement automatisé en Amérique). Qu'on se comprenne, je suis une maniaque d'Expo 67. Je donne des visites du site et je travaille sur un livre.
Bon. Ceci étant dit. Il est clair que de vouloir recréer un autre Expo 67 ne fonctionnera jamais et sera le plus grand flop de l'histoire de Montréal. Pas que j'aimerais pas ça, bien au contraire, rien ne m'excite plus que l'idée de pouvoir retourner en arrière dans le temps et vivre moi-même Expo 67. Mais Expo 67, c'était unique. D'ailleurs encore aujourd'hui, le succès d'Expo 67 demeure inégalé dans l'histoire des expositions universelles du 20e siècle.
Et c'est là l'élément-clé. Expo 67, c'était un moment magique dans le temps qui ne peut pas être répété. C'était la combinaison d'une époque où les politiciens étaient visionnaires, où les baby-boomers envahissaient le marché du travail, avec toute la richesse et le cash à dépenser que cela implique, où l'air du temps était au changement et au positivisme. Expo 67, c'était un moment unique (et jamais répété?) dans l'histoire de Montréal où toutes les étoiles étaient parfaitement alignées. Et ça, ça prend du travail mais aussi beaucoup, beaucoup de chance. Du timing.
Et le timing, le miracle que fut Expo 67 ne peut pas être planifié et répété. Fallait y être et vivre le moment. Point à la ligne.
Vouloir organiser une nouvelle Expo à Montréal, surtout en calquant le tout sur l'Expo 67, c'est une perte de temps et une déception assurée. Parce que plus jamais les gens et les étoiles ne seront alignés. Plus jamais les environnementaux n'accepteront les compromis nécessaires (saviez-vous qu'on avait généreusement déversé dans le Fleuve du DDT pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de moustiques à Expo?), plus jamais les groupes de pression divers n'accepteront de lâcher leur morceau respectif (pensez au Casino au centre-ville et au travail incroyable des groupes de pression locaux) et plus jamais la population n'acceptera les désagréments sans rechigner (imaginez 60 à 65 millions de visiteurs en ville, le traffic, les bouchons, etc.).
Ça ne va pas arriver et dans ce sens, même si Expo 17 se matérialisait, il serait condamné à n'être, dans l'histoire de Montréal, qu'une sous-exposition de deuxième ordre, moins belle, moins réussie, moins visitée, moins intéressante que la vraie, l'originale Expo 67. Alors c'est perdu d'avance.
De toute évidence, ce groupe semble être des grands nostalgiques d'Expo 67 puisqu'ils veulent, essentiellement, faire revivre la magie d'Expo 67. Mais leur quête est vouée à l'échec. Alors ils devraient plutôt dédier leurs énergies à sauver le très peu qu'il reste d'Expo 67 et de le remettre en valeur, à s'assurer que l'administration municipale n'oublie pas notre héritage collectif qu'est l'héritage d'Expo 67.
Parce que le maire Tremblay, je ne sais pas où il était en 67, mais il semble totalement avoir oublié que si Expo 67 fut une fenêtre extraordinaire sur le monde, ce fut aussi la porte d'entrée par laquelle Montréal est entrée de plein pied dans la modernité. Et comme on dit : pour savoir où on s'en va, on doit savoir d'où on vient.
mercredi, mai 16, 2007
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