J'avoue que j'envie un peu mes grands-parents, aujourd'hui décédé depuis déjà plusieurs années. Je les ai toujours enviés parce que je me disais que eux, ils avaient vécus le 20e siècle et semblaient, dans mon esprit, avoir tout vu. Un d'entre eux est né durant la première grande guerre, ils étaient pré-ado pendant la grande dépression, un de mes grand-père a été conscrit pour aller à la 2e guerre mondiale mais (heureusement pour ma mère et donc pour moi, on n'aurait pas existé s'il était mort à la guerre) le camion dans lequel il prenait place pour se rendre à son bateau à Halifax est tombé dans un ravin et il a passé son temps dans un hôpital plutôt qu'au front. Fiou. Ils ont connu la folie de Elvis et du Rock'n'Roll, Monica la mitraille, The Beatles, Pierre Lalonde, l'Expo 67 et les Olympiques. Ils ont connu l'invention de la télé, des films parlants et en couleur, la popularisation du téléphone, la nationalisation de l'électricité, le début du nucléaire, la guerre froide, la course vers l'espace, l'invention du micro-onde, la révolution féministe et encore plus. Avouez quand même que c'est une sacrée feuille de route.
Et maintenant je réalise à mesure que je vieillie que ma feuille de route à moi sera pas pire non plus. C'est particulièrement un événement qui s'est produit cette nuit à 2 coins de rue de mon appartement à Ottawa qui me l'a fait réalisé.
Cette nuit, quelqu'un a vu un mec sortir de sa voiture et lancer un paquet par-dessus les grilles de l'ambassade de l'Ukraine sur la rue Sommerset au centre-ville d'Ottawa. La personne s'est toute suite imaginée une attaque à la bombe, des terroristes et tout le kit. Elle appelle donc en panique la police. La police se pointe, grosse panique, on cherche le colis suspect - la bombe qui a été lancée par-dessus les grilles.
Tout ça pour découvrir que c'était le livreur de journal qui avait simplement lancé sa "livraison quotidienne" par-dessus les grilles pour que le journal aboutisse sur le bord de la porte.
Ça m'énerve ce climat "on vit dans le milieu des terroristes", cette psychose collective qui justifie qu'on limite nos droits citoyens fondamentaux, que le gouvernement puisse nous épier, écouter nos conversations, lire nos courriels, suivre nos transactions électroniques et, au besoin, nous détenir sans avoir besoin de rendre la preuve publique ou de nous accuser de quoi que ce soit. À la limite, ils peuvent aussi nous expédier à l'autre bout du monde où on sera torturé. Argh. J'ai tu voté pour ça, moi?
Bref, ce petit incident ridicule m'a frappé. Quand je serai vieille, que je n'aurai plus de dents et que je vais passer mes journées à me bercer sur mon balcon, je pourrais dire à ma descendance que "Moi, j'ai connu le monde pré-9-11. Dans le temps, le plus gros problème qu'on avait c'est que le président américain se faisait faire des pipes par son adjointe. Dans le temps, tout le monde connaissait ses voisins, le monde se parlait, on n'avait pas de puce d'identification sous-cutanée, on pouvait même se promener dans les rues sans nos cartes. Incroyable, hein?"
Et pis j'espère que ma descendance, comme moi je le suis de mes grands-parents, seront un peu jaloux de moi...
mercredi, mai 30, 2007
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