Je sais, je sais, il faut être de son époque et on ne peut pas vivre dans le passé. Je sais. Mais en regardant le discours de De Gaulle, grimpé sur le balcon de l'hôtel de ville, ça m'a frappé à quel point nous n'utilisons plus ce balcon. Pensez-y, c'est quand la dernière fois que vous avez entendu, vu ou même eu écho de l'utilisation de ce balcon qui est et qui sera lié à tout jamais à l'émancipation du Québec?
Peut-être suis-je vieux jeu et oui, je m'assume totalement, j'aurais tellement voulu vivre Montréal de 1958 à 1976. 1958 pour voir la fin de tramways partout dans les rues et tous les grands théâtres avant qu'ils ne soient divisés en multiplex laids et sans âme. Pour vivre l'ouverture du métro, l'Expo 67 et jusqu'au jeux olympiques. Malheureusement pour moi, je suis née en 1976, quelques mois à peine après les olympiques.
Mais revenons à nos balcons. L'époque est sans doute révolue mais en regardant les images, je le trouve superbe ce balcon tout enguirlandé pour De Gaulle. Les bannières, les fleurs et tout le kit.
Vous allez me traitez de folle mais il me semble qu'il y a quelque chose de plus grandiose, de plus formel dans le fait de se déplacer entendre un politicien parler du haut du balcon de l'hôtel de ville plutôt que d'aller serrer la main d'un politicien qui flippe des burgers dans un BBQ communautaire.
Mais voilà, un jour, on s'est dit qu'il fallait rendre les politiciens près du petit peuple, près du vrai monde. Exit le balcon et bonjour les BBQ de quartier. Harper flippe des crêpes au Stampede de Calgary et tous les politiciens embrassent des bébés et Chrétien a déjà fait de la trotinette sur le tarmak d'un aéroport. Ça fait des belles photos.
Ensuite, exit les risques. Les organisateurs politiques se sont mis à volontairement louer des salles trop petites, ce qui donne l'impression à leur événement d'être extraordinaire et qui permet de faire des manchettes où on nous annonce que le politicien est tellement populaire qu'il y avait une ligne devant la porte et que tous n'ont pas pu entrer. Un succès immense.
N'importe quel organisateur politique de son temps vous traiterait probablement de fou pour vouloir organiser un discours politique à partir du balcon de l'hôtel de ville. Qu'est-ce qui arrive si il pleut? Qu'est-ce qui arrive s'il n'y a pas assez de gens pour former une foule compacte? Ça ne fera pas des belles images aux nouvelles... Et la ville ne vous louerait pas le balcon de toute façon, faudrait surtout pas que l'administration municipale froise Québec ou Ottawa, ça serait pas bon pour les relations et on aurait peur de se faire refuser du financement futur.
La preuve? Ni la ville ni Québec ne souligne même le 40e anniversaire du discours de De Gaulle aujourd'hui.
Ouep. Faut que je m'y fasse. On vit à l'époque de l'image, où tout, tant le médium que le message, doit être contrôler, préparer et approuver par une équipe de spin doctors et d'éminences grises. Et on est frilleux. On a peur des viaducs, c'est pour dire. Alors faudrait surtout pas prendre de position politique. Certains politiciens ont mis des semaines à réagir au code de vie de Hérouxville.
Y'a un parallèlle intéressant à faire entre l'accroissement du contrôle de l'image chez les politiciens et le désintéressement de la population face aux politiciens ainsi que la baisse du niveau de participation aux élections...
mardi, juillet 24, 2007
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1 commentaire:
C'est peut-être aussi le fait que noun n'avons pas présentement de politiciens de qualité ou/et qui sont respectés par la majorité des gens.
J'ai toujours l'impression qu'une personne aujourd'hui qui exprime ses idées n'est plus la même lorsqu'elle devient politicien.
Je pense surtout à des gens qui étaient dans la vie politique et qui aujourd'hui ont l'air de s'exprimer avec beaucoup plus de liberté, exprime leurs pensées... Je pense à Joseph Facal, Lucien Bouchard, Jean-Pierre Charbonneau, Jacques Brassard et j'en oublie.
Même si ce ne sont pas tous des "grands", je pense quand même qu'ils ont une expérience intéressante et des points de vue intéressants pour l'ensemble de la population du Québec mais qu'ils étaient forcés en quelque sorte de renoncer à leurs idées lorsqu'ils étaient politiciens...
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