Le Québec est en retard

De plus en plus, j'ai cette impression que le Québec est en train de manquer le bateau parce qu'il dort au gaz. En fait, je vais vous dire le fond de ma pensée. Je pense sérieusement que le Québec est en train de manquer le bateau parce que les médias et les journalistes ne font plus leur job comme il faut.

Les médias sont de plus en plus devenus des outils d'auto-promotion et de valorisation des produits de l'entreprise. TVA plogue Archambault, ses magazines, ses artistes, les spéciaux de Vidéotron et autres trucs machins de l'Empire. TVA ne plogue pas nécessairement l'opinion des grévistes du Journal de Québec mettons, ça se comprends. TQS (qui a engagé une ex-participante à la télé-réalité comme journaliste?!?!!) et Radio-Canada font aussi la même chose.

Et surtout, les journalistes ne font plus d'enquêtes. Ils le recherchent plus les vraies nouvelles. C'est certain que c'est beaucoup plus facile de couvrir un chien écrasé, la dernière connerie de Paris Hilton, la visite de Brad Pitt à Montréal ou je ne sais quoi. N'importe qui peut préparer un topo sur Brad ou Paris, on n'a qu'à lire n'importe quel magazine à potins. Mais n'importe qui n'est pas journaliste.

Et une ou deux fois par année, un vraie histoire journalistique sort et là, tout le monde applaudi le beau travail incroyable d'un collègue. Ce fut le cas récemment du journaliste de Québec qui a enquêté sur les dépenses de la lieutenant gouverneure. Il n'a fait que ce que tout bon journaliste est censé faire sur une base régulière, c'est tout.

Ça m'enrage parce que y'a des choses hyper importantes qui se déroulent et pourtant, aucun journaliste ne semble au courant. Et on finit par en entendre parler 2, 3 mois après que les événements se sont passés et que maintenant, il est trop tard pour faire quoi que ce soit. Si les médias sont en retard, ça va mal en maudit parce que les médias, dans une société démocratique, sont censés être un des chiens de garde de nos gouvernements et de nos institutions...

Des exemples? Marie-Claude Lortie s'énerve du peu de considération que Loto-Québec a démontré envers l'héritage D'Expo 67. Elle est juste 12 ans en retard. Où étaient les journalistes quand Loto-Québec a demandé son permis de transformation? La semaine passée, il y avait des audiences sur une demande de reconnaissance d'Habitat 67 et d'une partie du site d'Expo 67 comme site patrimonial, où étaient les médias? En ont-ils parlés? RDI a offert une couverture mur à mur du 40e de l'Expo, sans jamais mettre les pieds à la Place des nations et sans jamais enquêter sur le fait que la Ville de Montréal utilise essentiellement la place comme poubelle et qu'une des rares passerelles qui reste est littéralement en train de tomber.

Hier, Stéphane Laporte compare les soins de santé au Québec et au Nouveau-Brunswick. Ça fait des années que j'en parle, comment est-ce possible qu'aucun journaliste n'a fait le lien avant?

Et tant qu'à y être, laissez-moi vous parler des nouvelles du futur. Bientôt (probablement à l'automne j'imagine), les journalistes découvriront - hô scoop - que le CHUM a décidé de démolir l'église St-Sauveur, malgré une étude patrimoniale réalisée par le CHUM lui-même qui souligne l'apport patrimonial de l'édifice en question. Malgré aussi que l'édifice est tout à fait structurellement "sauvable". On l'a fait à 3 coins de rues de là avec l'UQAM en y intégrant une église, venez pas me dire que ce n'est pas faisable. Une équipe a récemment fait des travaux autour de l'église St-Sauveur en préparation de la démolition et y aurait notamment découvert les ruines d'un vieux puit d'eau juste à côté de l'église.

Il y a trois façons de faire les choses :
1. Les médias jouent leur rôle et en parlent maintenant, ce qui pourrait influencer l'histoire et qui sait, si la population se mobiliser, sauver l'église et ainsi, notre patrimoine architectural commun pour des générations futures. C'est sûr que ça demande de la recherche et ça ne fait pas des grandes images fantastiques une journaliste devant une église abandonnée.

2. Les médias se réveillent le matin où débute la démolition, il est déjà trop tard pour faire quoi que ce soit mais ça fait des maudites belles photos le bulldozer qui mange l'église en direct. Topo sur l'indignation des citoyens en prime, avec un prof d'architecture de l'UQAM qui explique l'importance de l'église, on fait un parallèlle avec l'UQAM et son église. Le lendemain, on s'interroge sur comment on a pu accorder le permis de démolition, le maire Tremblay vient s'expliquer live, etc. Et on retrouve l'étude patrimoniale du CHUM qui démontrait l'importance de l'église...

3. Comme d'habitude, on dort au gaz pis dans 10 ans, Marie-Claude Lortie s'indignera qu'en 2007, le gouvernement du Québec puisse avoir fait ça.

Traitez-moi de pessimiste mais je ne crois plus au Père Noël et malheureusement, j'ai de plus en plus de misère à croire aux médias... :(