Ça fait longtemps que je rumine ce billet. Je le rumine depuis le début août en fait et j'y pense de façon presque quotidienne. Mais là, faut y aller, faut que je débale le tout. Notamment après la parution d'un article sur le mystérieux blogue adéquiste dans Le Devoir.
J'ai beaucoup réfléchi à comment écrire ce billet sans le transformer en roman. Quel angle prendre et comme tout dire en étant concise. Je pense qu'il est important de parler de mon expérience par contre, parce que, pour ce que j'en sais, c'est une première au Québec et au Canada (mais je suis peut-être dans le champs...). Finalement, je me suis dit que y'avait pas de façon parfaite d'attaquer le sujet alors voilà, je me lance.
Le contexte
De plus en plus, on entend parler de blogueurs québécois qui sont recrutés par des partis politiques. Des gens qui bloguent et qui se trouvent des jobs en politique. Je pense notamment à Mister P. et à plusieurs autres, adéquistes notamment, qui ont trouvé des emplois suite à l'élection du mars 2007. La très, très grande majorité de ces gens, en fait la totalité de ceux que je connais, ont fermé leur blogue. L'expérience de Mister P est intéressante puisqu'il a fermé son blogue personnel pour en rouvrir un autre pour le fermer presqu'aussitôt. Un contact qui bloguait aussi mais qui s'est trouvé un emploi dans les officines du pouvoir à Ottawa a aussi fermé son blogue lorsqu'il a décroché son emploi.
Mon expérience
Pendant plus d'un an, j'ai maintenu ce blogue personnel tout en étant d'une part responsable des communications d'un candidat pendant la dernière élection fédérale puis ensuite adjointe dudit député à Ottawa, Brian Murphy, député de Moncton-Riverview-Dieppe pour être précise. Pendant ce temps, à chaque moment, je me suis posée une tonne de questions sur l'avenir de mon blogue et son existence même. C'est devenu particulièrement vrai lorsque j'ai vu mes collègues blogueurs fermer leurs blogues après la dernière campagne électorale. Plusieurs m'ont déjà reproché d'être complètement folle et s'attendaient à ce que je sois éventuellement congédiée pour avoir un blogue.
Pendant mes réflexions personnelles sur le sujet, j'ai pesé le pour et le contre de plusieurs arguments. D'une part, au moment de mon implication partisane, cela faisait déjà 9 ans que je bloguais. Je me suis souvent exprimée pour et contre à peu près tous les partis inimaginables et je n'ai jamais considéré mon blogue comme partisan d'une formation politique plutôt qu'une autre. Dès le départ, j'étais bien décidée à faire une claire démarquation entre le boulot et mon action citoyenne. La question centrale était alors de se demander si le fait de travailler en politique m'enlevait automatiquement mon droit de parole citoyen, mon droit de vouloir changer le monde de façon personnelle. Est-ce que le fait d'exprimer que je ne tiens pas particulièrement à voir Poutine en bédaine remettait en question ma capacité à conseiller mon patron député? Ça peut sembler simple mais c'est loin de l'être.
Il ne faut pas oublier non plus que les partis politiques et les députés ont tendance à craindre les nouvelles technologies car ils y voient surtout un risque de dérapage et de perte de contrôle du message. Évidemment, rien ne ferait plus plaisir à un parti politique que de couler à des journalistes que l'adjointe du député X a raconté ceci ou cela sur son blogue, mettant dans l'embarras son patron ou le parti de son patron. La ligne est très, très mince. L'équilibre extrêmement fragile.
Je me suis donc imposée des règles strictes :
-Ne jamais parler du bureau sur le blogue.
-Ne jamais écrire sur un truc qui est purement partisan.
-Toujours bien peser les mots que j'écris et m'interroger sur les implications possibles de mes propos.
-Me demander si ce que j'écris est contraire aux politiques du parti (si c'est le cas, je n'écrivais simplement rien sur le sujet).
-Ne sortir que de l'info que je peux démontrer hors de tout doute avoir eu sans l'utilisation de mes contacts au bureau ou de mes fonctions.
-Évidemment, faire preuve de beaucoup de gros bon sens et de modération dans mes propos.
Mes conclusions
Après un an à marcher en équilibre sur un très fragile fil de fer, je pense honnêtement pouvoir dire qu'il est possible de bloguer et de travailler en politique. Après tout, je l'ai fait et je pense que je l'ai bien fait. Est-ce que ce fut facile? Bien sûr que non! Mais c'est tout à fait faisable. En fait, je pense que les employés politiques qui blogueront dans le futur seront les agents d'un changement important dans la façon de faire de la politique. Je pense qu'ils permettront de créer une nouvelle forme de démocratie participative. Avec un peu de travail, ils convaincront peut-être éventuellement leurs patrons de l'extraordinaire potentiel du blogue et des outils actuels (balladodiffusion, vidéodiffusion, etc.) pour engager les électeurs dans un niveau de participation civique encore jamais atteint. Les nouvelles technologies sont extrêmement puissantes pour créer un lien bidirectionnel entre les élus et leurs électeurs. Ce que je veux dire par là c'est que le politicien n'a plus besoin de faire du porte à porte une fois par 4 ans (en fait, par 18 mois par les temps qui courent), il peut simplement garder contact avec ses électeurs sur le web de façon quotidienne, publier des photos de ses activités, prendre position et surtout, répondre aux courriels et aux messages. Malheureusement, les élus profitent encore très, très peu de ces possibilités exponentielles.
Bien sûr, les employés politiques ont un important devoir de réserve. Mais est-ce que ce devoir de réserve devrait automatiquement abolir le droit de parole citoyen que devrait avoir tout payeur de taxe et électeur? Il y a quand même une certaine ironie là-dedans. S'impliquer en politique voudrait dire perdre son droit de parole public?! Avouez que c'est quand même paradoxal. D'un autre côté, quand on est payé pour donner son opinion politique, on comprend que de continuer de les donner gratuitement sur un site web grand public, c'est pas nécessairement l'idéal...Mais est-ce automatiquement inacceptable? Et dans cette équation rentre aussi le besoin pour le parti de contrôler le message VS le droit de ses employés d'avoir une vie citoyenne.
J'en sais quelque chose parce que si je n'avais pas dénoncé le ridicule de certaines décisions du conseil municipal de Moncton sur ce blogue, je n'aurais sans doute pas été assez pompée pour aller faire mes montées de lait directement devant les membres du conseil municipal de Moncton en septembre 2005. Si je n'avais pas fait ces montées de lait, mon nom ne se serait pas mis à circuler auprès de plusieurs impliqués politiques locaux. Si mon nom n'aurait pas circulé, on ne m'aurait pas recommandé pour m'occuper des communications d'un candidat pendant la dernière campagne fédérale et je n'aurais donc pas eu d'emploi comme adjointe sur la colline à Ottawa.
Ça m'apparaissait comme si une fois rendue en haut, il aurait fallu que je coupe les barreaux du bas de l'échelle. C'était pour moi une équation bizarre et illogique. Mais en même temps, je ne suis pas naïve et je connais très bien les restrictions qui viennent avec le travail politique.
Alors non, je ne me suis jamais vantée à tout vent sur ce blogue d'être une adjointe politique d'un député de la Chambre des communes. J'ai fait preuve de discrétion. Mais en même temps, je n'ai jamais nié travailler à la Chambre des communes ou pour le député de Moncton-Riverview-Dieppe.
Les questions
J'en ai eu des questions pendant l'année que je travaillais et bloguais de la Chambre des communes. Je vais tenter d'en résumer le propos mais si vous en avez d'autres, c'est maintenant ou jamais la chance de les poser. Je promets que je vais y répondre aussi bien que je peux.
-Ton patron le savais-tu que tu bloguais?
Oui. Ça ne l'enchantais pas par contre et il aurait sans doute trouvé que tout aurait été plus simple si je ne bloguais pas. Mais évidemment, je ne bloguais pas du bureau (le gros bon sens...) et je ne bloguais pas à propos du bureau. Je sais aussi qu'on l'a questionné sur le fait que son employée bloguait.
-T'as pas pensé arrêter de bloguer avec ton nom et partir un blogue anonyme, genre celui d'Élodie Gagnon-Martin qui, tiens justement en parlant de fermeture, semble maintenant disparu... (l'histoire ici)
Ouais, j'y ai pensé. Mais je n'étais pas à l'aise avec ça. Parce que je trouve qu'en société, il faut au moins avoir la conviction d'être prête à mettre son nom sur nos opinions. L'idée de me cacher derrière un pseudonyme, je trouve ça faible et peu crédible. Je trouve ça faux en fait. Je ne me sentais pas à l'aise avec ça. Ça aurait été une solution facile par contre, j'en conviens. Mais ça aurait été, selon moi, malhonnête.
-Est-ce que ça t'as causé des problèmes d'avoir un blogue?
Oui, ça m'a causé quelques problèmes. Quelques personnes n'ont pas aimé mes opinions, sur le bilinguisme notamment. J'ai souvent eu des différences d'opinions avec pleins de gens de tous les partis politiques mais dans certains cas, des gens ont préférés simplement bouder plutôt que d'argumenter et d'échanger. C'est leur droit mais c'est dommage. Bouder ne donne rien. Échanger par contre, là, c'est intéressant.
Je savais aussi pertinemment, gracieuseté des stats de mes visiteurs (détrompez-vous, rien n'est anonyme sur le web les amis), que plusieurs partis politiques autres que le miens gardaient un oeil de façon quotidienne sur mon blogue. Tout comme le bureau de Bernard Lord lorsqu'il était premier ministre du Nouveau-Brunswick par exemple. Je savais aussi que mes collègues, d'autres adjoints libéraux, consultaient régulièrement mon blogue. Alors sachant tout ceci, mettons qu'on fait encore plus attention à ce que l'on écrit.
...et le reste
Bien candidement, je dois vous avouer que la plus grosse surprise de ce blogue fut de constater que lorsque je suis arrivée sur la colline à Ottawa, plusieurs de mes nouveaux collègues, que je n'avais jamais vu de ma vie, me connaissaient déjà parce qu'ils me lisaient depuis plusieurs mois et dans certains cas des années. Ça m'a donné un drôle de choc disons.
Bizarrement, mon bloguage politique m'a aussi permis de faire plusieurs rencontres fantastiques au sein de pratiquement tous les partis et auprès de d'autres political freaks comme moi. Des gens du PQ, de l'ADQ, du PLQ, du PCC, du NPD, bref d'un peu partout. Certains de ces contacts sont devenus d'excellents amis maintenant. J'ai aussi appris à mieux connaître d'autres blogueurs politiques et à les apprécier encore plus.
Les rendez-vous manqués
Après la dernière campagne électorale provinciale, j'ai très sérieusement jonglé avec l'idée de devenir blogueuse politique à temps plein. Parce que j'avais souvent des pistes de sujets impressionnants et pleins de potentiel mais je n'avais pas le temps de m'investir dans la recherche de dossiers importants. J'avais des envies de passer mes journées à éplucher des dossiers politiques pour offrir une information objective et sortir des histoires inédites. J'ai parlé à beaucoup de gens et je pense que le Québec a le potentiel de soutenir un(e) blogueur(se) politique à temps plein indépendant. Et je pense humblement que ça aurait ajouté énormément au paysage politique médiatique du Québec. Je ne suis pas mégalomane ni naïve mais je pense que j'aurais pu réussir à fouiller et sortir des histoires et des dossiers politiques uniques dont les médias actuels ne parlent pas. Et pis oui, je m'ennuyais de ne pas être journaliste et de ne plus travailler dans les médias.
Évidemment, l'idée de sauter dans le vide, sans revenu garanti et de laisser un emploi bien rémunéré alors que je traîne encore un joyeux prêt étudiant, c'était loin de m'encourager à me créer mon emploi disons.
Le futur
Bizarrement, ce n'est pas mon emploi d'adjointe sur la Colline parlementaire qui aura eu raison de mon blogue politique mais bien mon emploi actuel dans le domaine de la diplomatie. Parce que là, veut, veut pas, d'une part, on me paye pour mes connaissances politiques et ma capacité d'analyse politique et d'autre part, la diplomatie est un art étrange et mes responsabilités sont maintenant telles que je ne suis plus à l'aise à parler de politique sur mon blogue. Par respect pour mon employeur, par nécessité de l'emploi et parce que j'ai eu beau y penser depuis deux mois, je ne trouve pas de moyen de pouvoir continuer. Pour reprendre un terme à la mode, il n'y a pas, dans ce cas-ci, d'accomodement raisonnable possible.
Après 11 ans de blogue politique, je dois donc arrêter. Je le fais avec grand regret. Je vais m'ennuyer. Mais continuer, même sous une fausse identité, n'aurait pas été acceptable selon moi et aurait été un manque d'honnêteté et de crédibilité envers mes lecteurs en premier lieu mais aussi envers moi-même.
Je ne pourrais pas complètement abandonner mon blogue par contre. Ainsi donc, je continue le blogue mais il n'y aura presque plus de commentaire politique. Quel format? Je me donne la longue fin de semaine pour y réfléchir de façon finale mais j'ai quelques idées.
Une petite note finale pour remercier tous ceux qui m'ont lu et qui m'ont laissé des commentaires au fil des ans par contre. Lire les commentaires des gens, c'est réellement un grand privilège et un grand plaisir. Même quand c'est des commentaires de gens qui sont en total désaccord avec moi. Parce que la démocratie pour moi n'est efficace que quand les gens participent, réfléchissent et argumentent. C'est quand le peuple s'endort que là, les choses commencent à vraiment mal aller. Alors à tous ceux qui m'ont lu et qui m'ont écrit merci.
Ce sera un nouveau début pour ce blogue, un format complètement différent, une nouvelle approche. Un nouveau chapitre. En fait, un tout nouveau livre...
Bon, c'est dit. Ouf. Ça fait du bien...
mercredi, octobre 03, 2007
vendredi, septembre 28, 2007
Le contrat de la STM
7h10 ce matin à l'arrêt habituel, en train d'attendre l'autobus 125. Pas d'autobus. Frustrée, je compose le 514-autobus, je fais le 2, le 4 puis le 1 pour faire une plainte. "Nos bureaux sont présentements fermés". Great.
Je rappelle plus tard dans la journée pour parler à quelqu'un.
-J'aimerais faire une plainte et partager mes commentaires, svp.
-Oui?
-7h10 ce matin à l'arrêt 53169, pas d'autobus. Et de toute évidence, ça fonctionne par très bien le service sur la ligne 125 parce qu'il manque TOUJOURS des autobus.
-ah oui?
-Le 14 septembre, à 23h57 à l'arrêt 53015, j'étais à l'arrêt AU MOINS 5 minutes avant. Pas d'autobus. J'ai perdu 40 minutes de mon temps...J'étais pas impressionnée. Le 15 septembre, toujours à l'arrêt 53015, à 16h13, encore une fois pas d'autobus. J'étais là à 16h05. De toute évidence, faudrait enlever les planibus ou offrir le service qu'on annonce quoi.
-Oui mais vous savez que malheureusement ces temps-ci, il manque beaucoup d'autobus qui sont en réparation madame.
-Oui, pis je sais aussi que la direction de la STM a envoyé près d'une vingtaine d'autobus pour servir de navettes à la Coupe du Président (tournoi de golf de la PGA) pendant que moi, je sèche à mon arrêt.
-Oui mais le contrat pour la location de bus pour la Coupe du président a été signé an janvier, la STM ne pouvait pas prévoir que des autobus seraient en réparation à ce moment-là.
-Oui mais est-ce qu'il manque des navettes à la Coupe du président? Pourquoi ils leur en manquent pas une ou deux parce que justement, les bus sont en réparation???
-Mais madame, c'est un contrat qu'ils ont signé, ils n'ont pas le choix...
-Et moi, le 65$ que je paye à chaque mois, c'est pas une forme de contrat pour recevoir du service de la STM? Le contrat que les Montréalais ont signé avec la STM y'a 41 ans, ça compte pas, ça? Chaque mois, je signe un contrat avec la STM en achetant ma carte à 65$. Est-ce que la carte est moins chère ce mois-ci parce que la STM ne peut pas respecter sa part du contrat et m'offrir du service? Le service qu'elle doit m'offrir dans sa partie du contrat?
- *silence au bout de la ligne* Je vais envoyer vos commentaires tout de suite, est-ce que je pourrais avoir votre nom, svp?
-Oui, bien sûr...
C'est plus fort que moi mais est-ce que quelqu'un sait si le président de la STM prend le métro et l'autobus pour aller au travail?
Je rappelle plus tard dans la journée pour parler à quelqu'un.
-J'aimerais faire une plainte et partager mes commentaires, svp.
-Oui?
-7h10 ce matin à l'arrêt 53169, pas d'autobus. Et de toute évidence, ça fonctionne par très bien le service sur la ligne 125 parce qu'il manque TOUJOURS des autobus.
-ah oui?
-Le 14 septembre, à 23h57 à l'arrêt 53015, j'étais à l'arrêt AU MOINS 5 minutes avant. Pas d'autobus. J'ai perdu 40 minutes de mon temps...J'étais pas impressionnée. Le 15 septembre, toujours à l'arrêt 53015, à 16h13, encore une fois pas d'autobus. J'étais là à 16h05. De toute évidence, faudrait enlever les planibus ou offrir le service qu'on annonce quoi.
-Oui mais vous savez que malheureusement ces temps-ci, il manque beaucoup d'autobus qui sont en réparation madame.
-Oui, pis je sais aussi que la direction de la STM a envoyé près d'une vingtaine d'autobus pour servir de navettes à la Coupe du Président (tournoi de golf de la PGA) pendant que moi, je sèche à mon arrêt.
-Oui mais le contrat pour la location de bus pour la Coupe du président a été signé an janvier, la STM ne pouvait pas prévoir que des autobus seraient en réparation à ce moment-là.
-Oui mais est-ce qu'il manque des navettes à la Coupe du président? Pourquoi ils leur en manquent pas une ou deux parce que justement, les bus sont en réparation???
-Mais madame, c'est un contrat qu'ils ont signé, ils n'ont pas le choix...
-Et moi, le 65$ que je paye à chaque mois, c'est pas une forme de contrat pour recevoir du service de la STM? Le contrat que les Montréalais ont signé avec la STM y'a 41 ans, ça compte pas, ça? Chaque mois, je signe un contrat avec la STM en achetant ma carte à 65$. Est-ce que la carte est moins chère ce mois-ci parce que la STM ne peut pas respecter sa part du contrat et m'offrir du service? Le service qu'elle doit m'offrir dans sa partie du contrat?
- *silence au bout de la ligne* Je vais envoyer vos commentaires tout de suite, est-ce que je pourrais avoir votre nom, svp?
-Oui, bien sûr...
C'est plus fort que moi mais est-ce que quelqu'un sait si le président de la STM prend le métro et l'autobus pour aller au travail?
Le voile sous toutes ces formes

Ce soir, je suis dans le métro, station Berri-UQAM direction Honoré-Mercier et dans le même wagon, en fait dans le même coin du même wagon, cette scène exceptionnellement belle : 2 soeurs en sari de la Congrégation de Mère Théresa (désolé, aucune idée du nom officielle, les soeurs de Calcutta peut-être?), une famille Hamish, le père avec son chapeau de paille, la jeune fille grande et mince avec des grands cheveux longs et la mère aussi à l'impressionnante chevelure en chignon, une soeur protestante anglophone en habit de soeur et trois jeunes musulmanes de 16-18 ans donc une avec un hidjab.
La jeune musulmane voilée parle avec ses copines et ils pitonnent sur leurs cellulaires en même temps. La famille Hamish parle avec la soeur protestante en anglais et les 2 soeurs en sari échangent quelques mots à voix basse.
Y'a pas de clôtures, y'a pas de vitres givrées, y'a pas de wagon séparé pour les hommes. En fait, y'a pas de problème. Et certaines féministes me traiteront de folles mais toutes ces femmes, des plus jeunes aux plus vieilles étaient belles à leur façon.
On parle beaucoup du voile mais en fait, on devrait surtout appeller les choses par leur nom et dénoncer les comportements machistes ou patriarcaux (hmm, Patriacaux? Patriachaux? Anyway) en général. Du moins, si c'est ce que nous voulons faire en tant que société.
J'ai un sari. Je l'ai porté à quelques reprises, notamment au Théâtre Capitol à Moncton. Faut que je vous avoue que de tout ce que j'ai porté dans ma vie, c'est l'habit le plus féminin, le plus sexy et franchement le plus osée que je n'ai jamais porté dans ma vie. Parce que le sari peut faire compétition à n'importe quel t-shirt bédaine qui fait la joie des pitounes wanna-be danseuses de 14 ans et demi. Mais le sari peut aussi se porter de façon à voiler la femme. Pourtant, je le redis, j'ai franchement jamais rien porté d'aussi sexy et d'aussi féminin. En fait, je n'aurais jamais assez de cran pour porter un sari juste comme ça en ville, je me sentirais toute nue!
Mais devrait-on interdire le sari, ou du moins le fait de porter le sari en voilant sa chevelure parce que ça opprime la femme? Est-ce que ça opprime la femme? Les soeurs de Calcutta sont-elles opprimées? Est-ce que leur voile brime leurs droits?
Argh. Comme vous voyez, je suis mêlée. Par contre, j'ai adoré cette scène dans le métro à l'heure de pointe ce soir. Pleins de voiles, pleins de gens d'horizons différents. Pas de panique, pas de xénophobie, pas de eux vs nous. Juste une gang de monde qui retourne chez eux à l'heure de pointe. Ah oui, c'est vrai... Mais plutôt que d'interdire complètement le voile, est-ce qu'on ne règlerait pas mieux la situation en trouvant du travail aux gens? Du travail payant, qui permet d'avoir une vie décente...
jeudi, septembre 27, 2007
Mes accomodements raisonnables
Les temps changent. Et bien humblement, je ne sais pas si c'est pour le mieux ou le pire. Est-ce qu'on avance ou est-ce qu'on recule? Et ça fait 10 ans que les gens de mon âge (30 ans) en parlent entre eux, y'a un sacré choc des générations qui s'en vient. Les boomers, en bonne partie nos parents et leurs aînés, ne nous croyaient pas mais là, ça s'en vient vraiment, on le sent.
De bien des façons, la vie des gens de ma génération est unique. Du jamais vu. J'ai grandi sur la rive-sud de Montréal (Mackayville devenu Laflèche devenu St-Hubert devenu Longueuil, redevenu, ah non, pas défusionné, excusez) au sein d'une population blanche et francophone. Sur ma rue, y'avait des Laronde, des Gauthier, des Delisle, des Gagné, des Trépanier et des Bergeron. Y'avait un italien qui avait une grosse maison italienne avec des affaires de décoration italienne et une piscine creusée. Y'avait une noire pis une irlandaise. Je chantais dans la chorale de l'église catholique Notre-Dame-de-l'Assomption même si je ne me souviens pas de quoi je chantais puisque je ne savais pas encore lire. J'ai fais ma première communion avec toute ma classe, mes deux sets de grand-parents étaient présents et ils m'ont donné des chapelets.
Et puis paf. Mon Québec est entré dans la modernité. Divorce de mes parents, inscription aux tout nouveaux cours de morale et changement d'école alors qu'on nous envois dans "l'école des grands" et qu'on donne notre école à des anglais. Aucun des ti-culs du quartier ne connaissaient d'anglais alors on se demandaient d'où ils sortaient pour qu'on leur donne une école. L'école Notre-Dame-de-l'Assomption est disparue, ça devait être l'été 1983, et est devenue la Terry Fox School.
Et nous on a arrêté d'aller regarder les trains passer sur nos BMX après l'école et à la place, on allait lancer des roches aux anglais. "Fuck you" qu'ils nous criaient. "Maudits anglais" qu'on répondait.
De ma banlieue confortablement blanche, homogène et francophone, ma mère décida de refaire sa vie et nous avons déménagé sur St-Jacques au coin de Georges-Vanier, en plein coeur du ghetto de la Petite-Bourgogne de Montréal. Méga gros choc pour la tite-cul que j'étais. Primo, y'a plus de noirs que de blancs. Deuzio, le monde est particulièrement pauvre. Tertio, ça parle pas nécessairement français et c'est le festival de la violence. Une vraie jungle, je vous dis.
Après une première étape avec 110% de moyenne (oui, ça se peut), l'école offre de me faire sauter ma 5e année. Des élèves menacent la maîtresse avec un couteau et veulent que je leur donne les réponses pendant les tests. Soudainement, ma meilleure amie s'apelle Luminata et elle est Roumaine.
Finalement, on me change d'école et je passe le restant de l'année au Collège Français, où je dois d'apprendre du Hugo, Prévert et autres grands classiques par coeur. Soudainement, la majorité de mes amis sont Africains et parlent un français impeccable.
Quelques années plus tard, j'abouti à F.A.C.E. Un joyeux mélange de tout ce qu'il y a sur la terre. Y'a des musulmanes voilées, des raëliennes, plusieurs juifs, des cathos et toutes sortes de choses in between, avec en plus des francophones et des anglophones ensemble. Bizarrement, personne ne se tappe dessus. Taux de décrochage scolaire : ZÉRO. L'harmonie la plus totale. On se fait inviter à la Bar mitzvah de un, à la célébration machin de l'autre. Certains manquent les classes une telle journée dans l'année parce qu'ils célèbrent ce qu'ils célèbrent. Ok. No big deal. Pis quand on fait de l'éducation physique, on est tous en souliers de course, en habit et pis la vie est belle. Pis la cafeteria sert la même bouffe pour tout le monde, c'est à dire que c'est dégueu et que ça goûte le carton pour tout le monde, peu importe notre religion.
À l'université, j'ai cotoyé bon nombre d'amis musulmans. Ils ont fini par obtenir un petit local de prière, dans un sous-sol qui servait autrefois de bar étudiant et qui sentait encore la sueur, la cigarette et l'alcool. Ils n'en faisaient pas un plat. Ils allaient à tous leurs cours et leurs examens. Pas de problème.
Y'a quelques années, j'ai travaillé comme coordonnatrice sur un projet sur la diversité culturelle canadienne et un de mes collègues, Gurwinder Singh, était sikh. Un mec fort sympathique, toujours en train de rigoler. Un soir pendant une de nos conférences à Ottawa, nous sommes allés ensemble voir un film IMAX au Musée de la civilisation de Hull. Je dois vous dire que je ne me suis jamais sentie comme ça de ma vie alors que les gens nous jettaient des regards bizarres et inquisiteurs, presque avec des éclairs dans les yeux. J'étais en T-shirt et en bermudas, probablement avec des sandales. Il avait une barbe et un turban. Non seulement les gens le regardaient lui, mais ils me regardaient moi, quelques fois comme si j'étais une pauvre victime. Pourtant, il n'y avait rien là de bien excitant. J'étais loin d'être son esclave ou je ne sais quoi. J'allais simplement voir un film avec un ami, point à la ligne. Et je dois vous dire que son turban et sa barbe me dérangeaient pas mal moins, personnellement, qu'un gars à casquette qui conduit une Honda Civic avec des jeans trop grands au fond de culotte aux genoux et les boxers qui ressortent...
Pourtant, je sentais dans les regards désapprobateurs et insistants des gens une impression d'intolérance radicale. Laissez-moi vous dire que ce fut toute une expérience...
Et puis depuis 10 ans environ, j'ai un T-shirt que j'adore qui dit ceci : "On a mission from God". En 10 ans, une seule personne a reconnu, en lisant la phrase, d'où ça vient. Ça a drôlement rien à voir avec Dieu, c'est une phrase du film Blues Brothers. J'ai toujours adoré ce T-shirt. Mais aujourd'hui, quand je le mets, les gens me regarde comme si je suis une espèce d'extrêmiste radicale d'ultra-droite. Mais c'est complètement ridicule cette political correctness!
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Je vais vous dire bien honnêtement, plus qu'un débat eux VS nous, plus qu'un débat méchants musulmans anti-femmes VS bons Québécois pure laine, plus qu'un débat faut-il garder le crucifix à l'Assemblée nationale, je trouve que le débat actuel devient un débat de génération et de repères générationnels.
Des gens plus vieux, qui ont moins voyagés, qui ont moins été exposés à la globalisation dans tout ce qu'elle contient de transcultures, qui réalisent aujourd'hui qu'ils sont dépassés par une nouvelle génération montante qui n'a plus les mêmes repères. C'est rien de nouveau remarquez. Les Baby-boomers ont fait le coup à leur parents avant nous dans les années 60 et 70 en brûlant leurs soutien-gorges, en rejettant la religion, en célébrant l'amour libre et les droits des femmes.
Moi, ma vie, celle de mes amis de ma génération, elle est assez simple en fait. On voyage partout sur la planète, on a des amis de partout sur la planète. Dans la même journée, on clavarde avec un gars au Liban, en France, en Australie et en Bolivie. On a des amis musulmans, juifs, raëliens, cathos, bouddhistes et Dieu sait quoi encore. Quand on organise un souper, on demande s'il y a des allergies ou des restrictions et on n'en fait pas tout un plat, c'est simplement normal pour nous. La planète pour nous est toute petite et plus rien n'est hermétique. Tout communique avec tout, les ensembles ne sont plus en vases clos. On pose des questions aux gens, on tente de savoir pourquoi et comment leurs croyances fonctionnent. Je suis moi-même une espèce de païenne sorcière qui chante dans une chorale Gospel rattachée à une église protestante indépendante d'avant-garde. So what?
Mes spécialités culinaires sont le Poulet Tika Massala et le couscous aux légumes, j'adore le Irn Bru, le Brie double-crème et je ne crache jamais sur des Fajitas. Les repères de ma génération sont complètement différents de ceux qui ont aujourd'hui 60 ou 70 ans. Tout peut sembler flou et je comprends que ça ne doit pas être facile de se rendre compte qu'on a perdu nos repères.
Mais en même temps, moi cette diversité culturelle dans laquelle je vis à tous les jours, je la trouve géniale. Et pis oui, y'a des trucs pas raisonnables. Mais ça, c'est comme ça dans la vie en générale, c'est pas exclusif aux juifs ou aux musulmans. Un couvre-feu pour les jeunes, moi je ne trouve pas ça raisonnable. Des gars arrêtés en état d'ivresse au volant qui continuent de conduire sans permis ou qui retrouve leur permis, je ne trouve pas ça raisonnable. Qu'on puisse s'acheter, même avec un permis, une arme semi-automatique, je ne trouve pas ça raisonnable. Un violeur qui fait 14 mois de prison, je ne trouve pas ça raisonnable. Un meurtrier qui est libéré après quelques années de prison, je ne trouve pas ça raisonnable. Le prix des parcomètres au centre-ville non plus. La fermeture de Mirabel non plus. Le non-interventionisme d'agents de sécurité du métro devant une femme qui se fait frapper non plus. Que les gens ne se lèvent pas pour céder leur place à une femme enceinte ou une personne âgée non plus. Que les chiens ne soient pas admis dans les parc de l'arrondissement Ville-Marie non plus.
La bêtisse est partout. Ça n'a rien à voir avec une religion ou un pays d'origine. Ça à a voir avec une absence grandissante de gros bon sens et de civilité générale.
De bien des façons, la vie des gens de ma génération est unique. Du jamais vu. J'ai grandi sur la rive-sud de Montréal (Mackayville devenu Laflèche devenu St-Hubert devenu Longueuil, redevenu, ah non, pas défusionné, excusez) au sein d'une population blanche et francophone. Sur ma rue, y'avait des Laronde, des Gauthier, des Delisle, des Gagné, des Trépanier et des Bergeron. Y'avait un italien qui avait une grosse maison italienne avec des affaires de décoration italienne et une piscine creusée. Y'avait une noire pis une irlandaise. Je chantais dans la chorale de l'église catholique Notre-Dame-de-l'Assomption même si je ne me souviens pas de quoi je chantais puisque je ne savais pas encore lire. J'ai fais ma première communion avec toute ma classe, mes deux sets de grand-parents étaient présents et ils m'ont donné des chapelets.
Et puis paf. Mon Québec est entré dans la modernité. Divorce de mes parents, inscription aux tout nouveaux cours de morale et changement d'école alors qu'on nous envois dans "l'école des grands" et qu'on donne notre école à des anglais. Aucun des ti-culs du quartier ne connaissaient d'anglais alors on se demandaient d'où ils sortaient pour qu'on leur donne une école. L'école Notre-Dame-de-l'Assomption est disparue, ça devait être l'été 1983, et est devenue la Terry Fox School.
Et nous on a arrêté d'aller regarder les trains passer sur nos BMX après l'école et à la place, on allait lancer des roches aux anglais. "Fuck you" qu'ils nous criaient. "Maudits anglais" qu'on répondait.
De ma banlieue confortablement blanche, homogène et francophone, ma mère décida de refaire sa vie et nous avons déménagé sur St-Jacques au coin de Georges-Vanier, en plein coeur du ghetto de la Petite-Bourgogne de Montréal. Méga gros choc pour la tite-cul que j'étais. Primo, y'a plus de noirs que de blancs. Deuzio, le monde est particulièrement pauvre. Tertio, ça parle pas nécessairement français et c'est le festival de la violence. Une vraie jungle, je vous dis.
Après une première étape avec 110% de moyenne (oui, ça se peut), l'école offre de me faire sauter ma 5e année. Des élèves menacent la maîtresse avec un couteau et veulent que je leur donne les réponses pendant les tests. Soudainement, ma meilleure amie s'apelle Luminata et elle est Roumaine.
Finalement, on me change d'école et je passe le restant de l'année au Collège Français, où je dois d'apprendre du Hugo, Prévert et autres grands classiques par coeur. Soudainement, la majorité de mes amis sont Africains et parlent un français impeccable.
Quelques années plus tard, j'abouti à F.A.C.E. Un joyeux mélange de tout ce qu'il y a sur la terre. Y'a des musulmanes voilées, des raëliennes, plusieurs juifs, des cathos et toutes sortes de choses in between, avec en plus des francophones et des anglophones ensemble. Bizarrement, personne ne se tappe dessus. Taux de décrochage scolaire : ZÉRO. L'harmonie la plus totale. On se fait inviter à la Bar mitzvah de un, à la célébration machin de l'autre. Certains manquent les classes une telle journée dans l'année parce qu'ils célèbrent ce qu'ils célèbrent. Ok. No big deal. Pis quand on fait de l'éducation physique, on est tous en souliers de course, en habit et pis la vie est belle. Pis la cafeteria sert la même bouffe pour tout le monde, c'est à dire que c'est dégueu et que ça goûte le carton pour tout le monde, peu importe notre religion.
À l'université, j'ai cotoyé bon nombre d'amis musulmans. Ils ont fini par obtenir un petit local de prière, dans un sous-sol qui servait autrefois de bar étudiant et qui sentait encore la sueur, la cigarette et l'alcool. Ils n'en faisaient pas un plat. Ils allaient à tous leurs cours et leurs examens. Pas de problème.
Y'a quelques années, j'ai travaillé comme coordonnatrice sur un projet sur la diversité culturelle canadienne et un de mes collègues, Gurwinder Singh, était sikh. Un mec fort sympathique, toujours en train de rigoler. Un soir pendant une de nos conférences à Ottawa, nous sommes allés ensemble voir un film IMAX au Musée de la civilisation de Hull. Je dois vous dire que je ne me suis jamais sentie comme ça de ma vie alors que les gens nous jettaient des regards bizarres et inquisiteurs, presque avec des éclairs dans les yeux. J'étais en T-shirt et en bermudas, probablement avec des sandales. Il avait une barbe et un turban. Non seulement les gens le regardaient lui, mais ils me regardaient moi, quelques fois comme si j'étais une pauvre victime. Pourtant, il n'y avait rien là de bien excitant. J'étais loin d'être son esclave ou je ne sais quoi. J'allais simplement voir un film avec un ami, point à la ligne. Et je dois vous dire que son turban et sa barbe me dérangeaient pas mal moins, personnellement, qu'un gars à casquette qui conduit une Honda Civic avec des jeans trop grands au fond de culotte aux genoux et les boxers qui ressortent...
Pourtant, je sentais dans les regards désapprobateurs et insistants des gens une impression d'intolérance radicale. Laissez-moi vous dire que ce fut toute une expérience...
Et puis depuis 10 ans environ, j'ai un T-shirt que j'adore qui dit ceci : "On a mission from God". En 10 ans, une seule personne a reconnu, en lisant la phrase, d'où ça vient. Ça a drôlement rien à voir avec Dieu, c'est une phrase du film Blues Brothers. J'ai toujours adoré ce T-shirt. Mais aujourd'hui, quand je le mets, les gens me regarde comme si je suis une espèce d'extrêmiste radicale d'ultra-droite. Mais c'est complètement ridicule cette political correctness!
************************************************
Je vais vous dire bien honnêtement, plus qu'un débat eux VS nous, plus qu'un débat méchants musulmans anti-femmes VS bons Québécois pure laine, plus qu'un débat faut-il garder le crucifix à l'Assemblée nationale, je trouve que le débat actuel devient un débat de génération et de repères générationnels.
Des gens plus vieux, qui ont moins voyagés, qui ont moins été exposés à la globalisation dans tout ce qu'elle contient de transcultures, qui réalisent aujourd'hui qu'ils sont dépassés par une nouvelle génération montante qui n'a plus les mêmes repères. C'est rien de nouveau remarquez. Les Baby-boomers ont fait le coup à leur parents avant nous dans les années 60 et 70 en brûlant leurs soutien-gorges, en rejettant la religion, en célébrant l'amour libre et les droits des femmes.
Moi, ma vie, celle de mes amis de ma génération, elle est assez simple en fait. On voyage partout sur la planète, on a des amis de partout sur la planète. Dans la même journée, on clavarde avec un gars au Liban, en France, en Australie et en Bolivie. On a des amis musulmans, juifs, raëliens, cathos, bouddhistes et Dieu sait quoi encore. Quand on organise un souper, on demande s'il y a des allergies ou des restrictions et on n'en fait pas tout un plat, c'est simplement normal pour nous. La planète pour nous est toute petite et plus rien n'est hermétique. Tout communique avec tout, les ensembles ne sont plus en vases clos. On pose des questions aux gens, on tente de savoir pourquoi et comment leurs croyances fonctionnent. Je suis moi-même une espèce de païenne sorcière qui chante dans une chorale Gospel rattachée à une église protestante indépendante d'avant-garde. So what?
Mes spécialités culinaires sont le Poulet Tika Massala et le couscous aux légumes, j'adore le Irn Bru, le Brie double-crème et je ne crache jamais sur des Fajitas. Les repères de ma génération sont complètement différents de ceux qui ont aujourd'hui 60 ou 70 ans. Tout peut sembler flou et je comprends que ça ne doit pas être facile de se rendre compte qu'on a perdu nos repères.
Mais en même temps, moi cette diversité culturelle dans laquelle je vis à tous les jours, je la trouve géniale. Et pis oui, y'a des trucs pas raisonnables. Mais ça, c'est comme ça dans la vie en générale, c'est pas exclusif aux juifs ou aux musulmans. Un couvre-feu pour les jeunes, moi je ne trouve pas ça raisonnable. Des gars arrêtés en état d'ivresse au volant qui continuent de conduire sans permis ou qui retrouve leur permis, je ne trouve pas ça raisonnable. Qu'on puisse s'acheter, même avec un permis, une arme semi-automatique, je ne trouve pas ça raisonnable. Un violeur qui fait 14 mois de prison, je ne trouve pas ça raisonnable. Un meurtrier qui est libéré après quelques années de prison, je ne trouve pas ça raisonnable. Le prix des parcomètres au centre-ville non plus. La fermeture de Mirabel non plus. Le non-interventionisme d'agents de sécurité du métro devant une femme qui se fait frapper non plus. Que les gens ne se lèvent pas pour céder leur place à une femme enceinte ou une personne âgée non plus. Que les chiens ne soient pas admis dans les parc de l'arrondissement Ville-Marie non plus.
La bêtisse est partout. Ça n'a rien à voir avec une religion ou un pays d'origine. Ça à a voir avec une absence grandissante de gros bon sens et de civilité générale.
mardi, septembre 25, 2007
Un show pour Julie - le 28 octobre, 19h au Capitol
Alors voilà, je vous en ai déjà parlé mais il s'organise présentement un spectacle-bénéfice pour Julie Pallot. J'espère que vous pourrez y aller et l'appuyer. Même moi, j'y serai!
Et j'espère que je pourrai vous y voir. Y'aura plusieurs surprises au programme de la soirée, pleins d'artistes tous plus talentueux les uns que les autres et toutes sortes de choses que j'ai promis de ne pas publiciser...
Soyez-y. Billets disponibles au Capitol : (506) 856-4379 ou 1 800 567-1922.
Et j'espère que je pourrai vous y voir. Y'aura plusieurs surprises au programme de la soirée, pleins d'artistes tous plus talentueux les uns que les autres et toutes sortes de choses que j'ai promis de ne pas publiciser...
Soyez-y. Billets disponibles au Capitol : (506) 856-4379 ou 1 800 567-1922.
La grande tournée nordique du Québec
Moi et Éliane avons décidé de commencer une tradition. Une fois par mois, nous nous accordons une journée de relaxation dans un spa nordique. Non, pas un spa manicure, pédicure et machins de pitounes. Une journée dans un endroit avec un sauna sec, un sauna humide, des bains tourbillons dans la nature, une chute froide, des bassins tempérés et des salles de relaxation au son de petite musique douce. C'est extraordinaire et ça fait un bien fantastique.
Je n'ai jamais été spa (je ne suis même jamais allée chez l'esthéticienne de ma vie!) mais j'ai découvert les spa nordiques en janvier dernier et pour 40$, c'est un extraordinaire investissement pour le bien-être que ça apporte.
L'idée est de découvrir un nouveau spa nordique à chaque mois. À date, de très très loin, l'endroit le plus fantastique est le spa Le Nordik à Old Chelsea près de Ottawa. L'accueil est toujours chaleureux, les vestiaires sont superbes, on nous fournit 2 serviettes, une bouteille d'eau et un cadenas. Y'a du shampoing, de revitalisant et du savons dans les douches. De la crème pour le corps "Fruits et Passion", des sèche-cheveux et des sacs de plastique pour mettre son costume de bain mouillé. Les bains sont toujours propres et impeccables. Le pavillon de relaxation inclut même une salle avec des matelas pour une petite siesta. Génial.
Il y a un mois, on se rend au spa Scandinave à Tremblant. Propriété, parait-il, de Vincent Damphousse, le gars du Canadien. L'accueil est brutal : on ne pouvait pas réserver mais le site est plein, faut laisser notre nom sur une liste d'attente. Tout ceci dit sur un ton mi-militaire, mi-stressé des jeunes filles à la réception. 15 minutes plus tard, on finit par crier notre nom et hop, on y va. Y'a beaucoup de gens sur le site et se trouver un trou dans les bains tourbillons relève du défi. Les installations sont intéressantes, y'a des hammacs et la rivière est très agréable. Par contre, à notre première visite au sauna humide, nous avons la déception de constater qu'il ne fonctionne pas. Pas du tout. On n'a même pas chaud. Plus tard on retourne dans le sauna sec, qui cette fois-ci est BEAUCOUP trop chaud.
Et puis samedi, nous sommes allés au spa Ofuro à Morin Heights. Une seule serviette est fournie (pour laquelle il a fallut revendiquer notre droit suite à un "neu non, on fournit pas les serviettes là, le monde amène leurs serviettes mais si vous en avez pas, on peut vous en passer une, mettons"), en échange des clés de notre voiture. Une serviette contre une voiture, c'est une sacrée garantie...
Une fois l'entrée payée, on nous donne un bracelet comme à La Ronde qu'on doit porter tout le temps que nous sommes sur le site. On se croirait soit à l'hôpital, soit à La Ronde mais dans aucun cas, ce n'est vraiment relaxant. Une dizaine de minutes d'attente pour avoir une visite du site par un gars qui a plus le profil du gars de l'entretien du site que d'un guide de spa nordique. Ici le sauna sec, à droite le sauna humide, là-bas la rivière et ah, ouin, ça c'est un bain tourbillon mais là, yé brisé.
Pas de bouteille d'eau ni de cadena d'inclut. S'enchaîne ensuite une série d'événements tous plus loufoques les uns que les autres, c'était digne d'un épisode de La Galère.
Les vestiaires sont petits et composés de vieilles cases rouillées d'école secondaire, sans doute achetées à l'encan pas cher, pas cher. Dans les vestiaires, une fenêtre (pas givrée) qui donne sur un endroit avec des tas de roches et d'autre matériel de paysagement. On s'attend presque à voir passer le monsieur qui nous a fait une visite, nous observer à travers le fenêtre d'un look pervert. Une seule toilette, loin d'être propre et 3 douches sans aucun rideau. La propreté générale laisse à désirer.
Une fois changés, on se rend au sauna sec dans le pavillon au-dessus des vestiaires des hommes. Tout petit, l'élément chauffant est bizarrement situé au centre de façon à ce qu'il soit presque impossible de passer à côté pour se rendre au fond du sauna sans frôler dangereusement la surface très chaude. Il manque aussi quelques planches de bois qui sont brisées.
Après, on fait un petit saut dans un bassin qui devrait normalement être autour de 10 degrés, sauf que le thermomètre indique 24 degrés. Trop chaud pour produire l'effet bénéfique d'un spa nordique. On s'asseoit ensuite dans des chaises de bois à l'extérieur. Une des chaises a 2 morceaux de bois brisés et alors qu'Éliane s'asseoit sur sa chaise, une latte de bois tombe sur le sol. Fou rire général.
Petit détour dans un bain tourbillon, pour découvrir que les jets ne fonctionnent pas. Déception. On a alors droit à un avertissement du monsieur de l'entretien devenu guide du site alors que nous parlons, selon lui, trop fort. Même si les 4 personnes à côté de nous sont extrêmement bruyant et mangent et boivent dans les bains...
Plus tard, nous tentons notre chance dans le sauna au charbon. Première constatation : clouer des bancs de sauna, ça devient un moyen de torture quand le sauna est chaud. OUCH. Alors que nous relaxons dans le sauna au charbon, Monsieur entretien-guide arrive avec une chaudière de charbon, ouvre le poêle et vide le charbon, entraînant un nuage de cendres dans l'air du sauna.
Quelques minutes plus tard, monsieur entretien-guide passe devant nous avec une cigarette. Ouf... À la sortie, notre ami masculin note qu'il n'y a plus de papier de toilette dans les toilettes et il n'y a plus non plus de feuilles de commentaires.
Bref, j'pense qu'on n'y retournera pas au Ofuro. Et moi, je vous recommande n'importe quel spa sauf Ofuro.
Le mois prochain : le Polar Bear ou peut-être un spa en Estrie...
Je n'ai jamais été spa (je ne suis même jamais allée chez l'esthéticienne de ma vie!) mais j'ai découvert les spa nordiques en janvier dernier et pour 40$, c'est un extraordinaire investissement pour le bien-être que ça apporte.
L'idée est de découvrir un nouveau spa nordique à chaque mois. À date, de très très loin, l'endroit le plus fantastique est le spa Le Nordik à Old Chelsea près de Ottawa. L'accueil est toujours chaleureux, les vestiaires sont superbes, on nous fournit 2 serviettes, une bouteille d'eau et un cadenas. Y'a du shampoing, de revitalisant et du savons dans les douches. De la crème pour le corps "Fruits et Passion", des sèche-cheveux et des sacs de plastique pour mettre son costume de bain mouillé. Les bains sont toujours propres et impeccables. Le pavillon de relaxation inclut même une salle avec des matelas pour une petite siesta. Génial.
Il y a un mois, on se rend au spa Scandinave à Tremblant. Propriété, parait-il, de Vincent Damphousse, le gars du Canadien. L'accueil est brutal : on ne pouvait pas réserver mais le site est plein, faut laisser notre nom sur une liste d'attente. Tout ceci dit sur un ton mi-militaire, mi-stressé des jeunes filles à la réception. 15 minutes plus tard, on finit par crier notre nom et hop, on y va. Y'a beaucoup de gens sur le site et se trouver un trou dans les bains tourbillons relève du défi. Les installations sont intéressantes, y'a des hammacs et la rivière est très agréable. Par contre, à notre première visite au sauna humide, nous avons la déception de constater qu'il ne fonctionne pas. Pas du tout. On n'a même pas chaud. Plus tard on retourne dans le sauna sec, qui cette fois-ci est BEAUCOUP trop chaud.
Et puis samedi, nous sommes allés au spa Ofuro à Morin Heights. Une seule serviette est fournie (pour laquelle il a fallut revendiquer notre droit suite à un "neu non, on fournit pas les serviettes là, le monde amène leurs serviettes mais si vous en avez pas, on peut vous en passer une, mettons"), en échange des clés de notre voiture. Une serviette contre une voiture, c'est une sacrée garantie...
Une fois l'entrée payée, on nous donne un bracelet comme à La Ronde qu'on doit porter tout le temps que nous sommes sur le site. On se croirait soit à l'hôpital, soit à La Ronde mais dans aucun cas, ce n'est vraiment relaxant. Une dizaine de minutes d'attente pour avoir une visite du site par un gars qui a plus le profil du gars de l'entretien du site que d'un guide de spa nordique. Ici le sauna sec, à droite le sauna humide, là-bas la rivière et ah, ouin, ça c'est un bain tourbillon mais là, yé brisé.
Pas de bouteille d'eau ni de cadena d'inclut. S'enchaîne ensuite une série d'événements tous plus loufoques les uns que les autres, c'était digne d'un épisode de La Galère.
Les vestiaires sont petits et composés de vieilles cases rouillées d'école secondaire, sans doute achetées à l'encan pas cher, pas cher. Dans les vestiaires, une fenêtre (pas givrée) qui donne sur un endroit avec des tas de roches et d'autre matériel de paysagement. On s'attend presque à voir passer le monsieur qui nous a fait une visite, nous observer à travers le fenêtre d'un look pervert. Une seule toilette, loin d'être propre et 3 douches sans aucun rideau. La propreté générale laisse à désirer.
Une fois changés, on se rend au sauna sec dans le pavillon au-dessus des vestiaires des hommes. Tout petit, l'élément chauffant est bizarrement situé au centre de façon à ce qu'il soit presque impossible de passer à côté pour se rendre au fond du sauna sans frôler dangereusement la surface très chaude. Il manque aussi quelques planches de bois qui sont brisées.
Après, on fait un petit saut dans un bassin qui devrait normalement être autour de 10 degrés, sauf que le thermomètre indique 24 degrés. Trop chaud pour produire l'effet bénéfique d'un spa nordique. On s'asseoit ensuite dans des chaises de bois à l'extérieur. Une des chaises a 2 morceaux de bois brisés et alors qu'Éliane s'asseoit sur sa chaise, une latte de bois tombe sur le sol. Fou rire général.
Petit détour dans un bain tourbillon, pour découvrir que les jets ne fonctionnent pas. Déception. On a alors droit à un avertissement du monsieur de l'entretien devenu guide du site alors que nous parlons, selon lui, trop fort. Même si les 4 personnes à côté de nous sont extrêmement bruyant et mangent et boivent dans les bains...
Plus tard, nous tentons notre chance dans le sauna au charbon. Première constatation : clouer des bancs de sauna, ça devient un moyen de torture quand le sauna est chaud. OUCH. Alors que nous relaxons dans le sauna au charbon, Monsieur entretien-guide arrive avec une chaudière de charbon, ouvre le poêle et vide le charbon, entraînant un nuage de cendres dans l'air du sauna.
Quelques minutes plus tard, monsieur entretien-guide passe devant nous avec une cigarette. Ouf... À la sortie, notre ami masculin note qu'il n'y a plus de papier de toilette dans les toilettes et il n'y a plus non plus de feuilles de commentaires.
Bref, j'pense qu'on n'y retournera pas au Ofuro. Et moi, je vous recommande n'importe quel spa sauf Ofuro.
Le mois prochain : le Polar Bear ou peut-être un spa en Estrie...
Le banc maudit de la station Frontenac
Lorsque je prends le métro pour aller et revenir de travailler, j'ai deux choix. Soit que je marche une vingtaine de minutes jusqu'à la station la plus proche, soit que je prend l'autobus au coin de chez moi et ça m'amène directement au métro, à la station Frontenac plus précisément.
La très grande majorité du temps, je prends l'autobus. Sauf le soir tard parce qu'il n'y a presque plus d'autobus alors aussi bien débarquer quelques stations plus tard et marcher.
Frontenac, c'est une station bizarre. Ce n'est pas un préjugé mais bien plutôt un jugé puisque c'est mon expérience qui parle. D'une part, il y a beaucoup de traffic autour de la station (qui donne sur la rue Ontario). Une salle des témoins de Jéhovah directement en face de la station et ce qui ressemble à des vautours tout autour de la station. Vous savez, ces gens qui ne semblent rien faire d'autre que d'être là, sans raison. Des petits revendeurs de drogue, les danseuses qui se rendent au Sexmania à un coin de rue.
Ah et j'oublie de dire que l'horaire de l'autobus est avant tout une suggestion qui pourrait, ou ne pourrait pas, s'avérer exacte.
Vendredi y'a une dizaine de jours, je me pointe à l'arrêt 5 minutes avant l'heure spécifiée et je me rends compte assez rapidement qu'il n'y aura pas d'autobus à l'heure prévue. Prochain bus dans plus de 30 minutes. Je m'asseois donc sur le banc plutôt que de faire le pied de grue debout. J'ai mon lecteur MP3 dans les oreilles et il est passé 23h.
Un gars s'asseoit à côté de moi sur le banc. Il me demande si l'autobus est passée. Non, lui dis-je, de toute évidence, y'a pas eu d'autobus, le prochain dans près de 45 minutes. Il commence à me raconter qu'il était à la taverne au coin et que la clientèle n'avait de toute évidence pas l'âge légal d'y être et de boire. Il me raconte d'où il vient, où il reste, qu'il s'est fait volé, etc. Pendant ce temps, je tente de lui montrer que ça m'intéresse peu en remettant mes écouteurs sur mes oreilles. Mais il continue.
Et puis il m'invite à aller prendre une bière avec lui. Je lui dit non merci, je suis trop fatiguée et anyway, non merci. Il insiste. Et insiste. Commence à me demander si je suis célibataire, si j'habite seule, sur quelle rue, etc. Je ne réponds pas mais ça me fait réfléchir.
Soudainement, pour la première fois de ma vie, je ne me sens pas à l'aise à l'idée d'embarquer à bord d'un autobus qui va me laisser à un coin de rue auquel il pourrait décider de sortir lui aussi et de me suivre jusqu'à ma porte de maison.
Il est maintenant debout et n'arrête pas de bouger alentour de moi. Je saisis mon cellulaire et j'appelle un ami qui reste à 2 coins de rue d'où je suis.
-Salut t'es chez vous présentement? Je suis à la station Frontenac et y'a un gars très weird qui... attends une minute.
*poof, le gars a disparut. Plus de trace*
Pendant que je parle au téléphone, une voiture ralentie et arrête devant le banc, un homme dans la 40-50aine me crie "heille, t'es pas mal belle, qu'est-ce que tu me ferais pour 20 piastres?"
-Ah ben, wow, c'est bizarre mais je pense que... ben... En tout cas, il est parti. Ok. Anyway, s'il revient, je vais aller chez vous, ok? Parce que je ne me sens pas à l'aise d'embarquer sur un bus avec lui qui me suit.
L'ami m'a rappellé 20 minutes plus tard me demandant si tout était ok.
Je n'ai plus revu le gars.
********************************************
Le lendemain, samedi, il est environ 16h, j'ai plusieurs sacs, je reviens de faire du magasinage. Encore une fois, j'arrive à 5 minutes après l'heure. L'autobus doit passer à 10 minutes après l'heure. Pas de trace de l'autobus. Nada. As usual finalement.
Je vais m'asseoir sur le même banc. Il fait soleil, c'est la fin de semaine. J'ai mes écouteurs sur les oreilles, mon lecteur MP3 à plein volume.
Un gars dans le début de la vingtaine un peu pouilleux s'asseoit à côté de moi. Bière à la main, il sort un gros sac ziploc de pot. "En veux-tu?" Non merci que je lui dis. Il est de toute évidence déjà très stone et/ou saoûl. Il se met à me réciter le discours classique de la gaugauche étudiante / Che / à bas le capitalisme / quel monde pourri... Il me reproche d'avoir un lecteur MP3, ce qui isole les gens et qui fait, selon lui, que deux étrangers sur un banc ne se parlent plus. "Veux-tu aller prendre une bière?" Non merci, ça va. Il remarque mes sacs et me posent des questions du genre "ouin, un sac de la Senza... tu dois être cochonne toi?". Il finit par se lever 5 minutes avant l'arrivée du bus et de disparaître dans le métro. Sa bière vide reste sur le banc.
J'ai depuis pris une grande décision. Même si l'autobus n'arrive pas, je vais éviter le banc...
La très grande majorité du temps, je prends l'autobus. Sauf le soir tard parce qu'il n'y a presque plus d'autobus alors aussi bien débarquer quelques stations plus tard et marcher.
Frontenac, c'est une station bizarre. Ce n'est pas un préjugé mais bien plutôt un jugé puisque c'est mon expérience qui parle. D'une part, il y a beaucoup de traffic autour de la station (qui donne sur la rue Ontario). Une salle des témoins de Jéhovah directement en face de la station et ce qui ressemble à des vautours tout autour de la station. Vous savez, ces gens qui ne semblent rien faire d'autre que d'être là, sans raison. Des petits revendeurs de drogue, les danseuses qui se rendent au Sexmania à un coin de rue.
Ah et j'oublie de dire que l'horaire de l'autobus est avant tout une suggestion qui pourrait, ou ne pourrait pas, s'avérer exacte.
Vendredi y'a une dizaine de jours, je me pointe à l'arrêt 5 minutes avant l'heure spécifiée et je me rends compte assez rapidement qu'il n'y aura pas d'autobus à l'heure prévue. Prochain bus dans plus de 30 minutes. Je m'asseois donc sur le banc plutôt que de faire le pied de grue debout. J'ai mon lecteur MP3 dans les oreilles et il est passé 23h.
Un gars s'asseoit à côté de moi sur le banc. Il me demande si l'autobus est passée. Non, lui dis-je, de toute évidence, y'a pas eu d'autobus, le prochain dans près de 45 minutes. Il commence à me raconter qu'il était à la taverne au coin et que la clientèle n'avait de toute évidence pas l'âge légal d'y être et de boire. Il me raconte d'où il vient, où il reste, qu'il s'est fait volé, etc. Pendant ce temps, je tente de lui montrer que ça m'intéresse peu en remettant mes écouteurs sur mes oreilles. Mais il continue.
Et puis il m'invite à aller prendre une bière avec lui. Je lui dit non merci, je suis trop fatiguée et anyway, non merci. Il insiste. Et insiste. Commence à me demander si je suis célibataire, si j'habite seule, sur quelle rue, etc. Je ne réponds pas mais ça me fait réfléchir.
Soudainement, pour la première fois de ma vie, je ne me sens pas à l'aise à l'idée d'embarquer à bord d'un autobus qui va me laisser à un coin de rue auquel il pourrait décider de sortir lui aussi et de me suivre jusqu'à ma porte de maison.
Il est maintenant debout et n'arrête pas de bouger alentour de moi. Je saisis mon cellulaire et j'appelle un ami qui reste à 2 coins de rue d'où je suis.
-Salut t'es chez vous présentement? Je suis à la station Frontenac et y'a un gars très weird qui... attends une minute.
*poof, le gars a disparut. Plus de trace*
Pendant que je parle au téléphone, une voiture ralentie et arrête devant le banc, un homme dans la 40-50aine me crie "heille, t'es pas mal belle, qu'est-ce que tu me ferais pour 20 piastres?"
-Ah ben, wow, c'est bizarre mais je pense que... ben... En tout cas, il est parti. Ok. Anyway, s'il revient, je vais aller chez vous, ok? Parce que je ne me sens pas à l'aise d'embarquer sur un bus avec lui qui me suit.
L'ami m'a rappellé 20 minutes plus tard me demandant si tout était ok.
Je n'ai plus revu le gars.
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Le lendemain, samedi, il est environ 16h, j'ai plusieurs sacs, je reviens de faire du magasinage. Encore une fois, j'arrive à 5 minutes après l'heure. L'autobus doit passer à 10 minutes après l'heure. Pas de trace de l'autobus. Nada. As usual finalement.
Je vais m'asseoir sur le même banc. Il fait soleil, c'est la fin de semaine. J'ai mes écouteurs sur les oreilles, mon lecteur MP3 à plein volume.
Un gars dans le début de la vingtaine un peu pouilleux s'asseoit à côté de moi. Bière à la main, il sort un gros sac ziploc de pot. "En veux-tu?" Non merci que je lui dis. Il est de toute évidence déjà très stone et/ou saoûl. Il se met à me réciter le discours classique de la gaugauche étudiante / Che / à bas le capitalisme / quel monde pourri... Il me reproche d'avoir un lecteur MP3, ce qui isole les gens et qui fait, selon lui, que deux étrangers sur un banc ne se parlent plus. "Veux-tu aller prendre une bière?" Non merci, ça va. Il remarque mes sacs et me posent des questions du genre "ouin, un sac de la Senza... tu dois être cochonne toi?". Il finit par se lever 5 minutes avant l'arrivée du bus et de disparaître dans le métro. Sa bière vide reste sur le banc.
J'ai depuis pris une grande décision. Même si l'autobus n'arrive pas, je vais éviter le banc...
lundi, septembre 17, 2007
VOL DE PHOTO : mise à jour
Alors en date de minuit, dans le nuit de dimanche à lundi, je n'ai toujours pas reçu une copie du supposé courriel que le rédacteur en chef du 24 heures aurait reçu qui contenait, selon lui, une copie de ma photo.
Par contre, j'ai reçu un coup de fil samedi soir de la directrice des communications du Festival Écolo et elle est sans équivoque - elle n'a pas, jamais, envoyé ma photo à qui que ce soit.
Est-ce que le rédacteur en chef du 24 heures m'aurait carrément menti??? Est-ce qu'un représentant de Quebecor m'aurait menti? J'attends toujours de ses nouvelles mais, une chose est certaine, je ne vais pas laisser passer cette utilisation illégale de ma photo et l'absence de mon nom au crédit photo. Pas par Quebecor en tout cas.
Parce que si moi, j'avais utilisé une photo de Quebecor sans leur permission, eux, auraient envoyé les chiens, les avocats et les mises en demeure...
Par contre, j'ai reçu un coup de fil samedi soir de la directrice des communications du Festival Écolo et elle est sans équivoque - elle n'a pas, jamais, envoyé ma photo à qui que ce soit.
Est-ce que le rédacteur en chef du 24 heures m'aurait carrément menti??? Est-ce qu'un représentant de Quebecor m'aurait menti? J'attends toujours de ses nouvelles mais, une chose est certaine, je ne vais pas laisser passer cette utilisation illégale de ma photo et l'absence de mon nom au crédit photo. Pas par Quebecor en tout cas.
Parce que si moi, j'avais utilisé une photo de Quebecor sans leur permission, eux, auraient envoyé les chiens, les avocats et les mises en demeure...
jeudi, septembre 13, 2007
ON M'A VOLÉ UNE PHOTO!!!

Quel choc j'ai eu ce matin à 7h lorsque j'étais dans le métro en train de lire le journal "24 heures", le journal gratis de Québécor quand je suis tombée sur... une de mes photos en page 5! Et en plus, le crédit photo indique "photo archives" plutôt que "photo : Julie Bélanger".
J'étais en tabarna...
Je n'en revenais tout simplement pas. Ils ont utilisé une photo que j'ai prise sur la rue Main à Moncton au printemps 2006 lors d'une manifestation pour les services de garde universels au Nouveau-Brunswick. Sans ma permimssion, sans m'aviser. Sans même me donner le crédit photo!
Ils ont sans doute pris ma photo sur Flickr. Mais ils ont oubliés de lire "@all rights reserved" à la droite en bas. Grrr!
En fait, encore plus frustrée que le simple fait qu'ils utilisent une photo sans ma permission, c'est surtout le fait qu'ils ne m'en donnent pas le crédit. Et faut dire que je vends certaines de mes photos. Pour la couverture d'un livre (qui sera bientôt publié), pour des manuels scolaires, des sites web, des guides touristiques. Mais là, franchement, dans une publication de Québécor, sans un sous, sans mention ET SANS CRÉDIT, c'est inacceptable! Et ils l'ont mis sur le site web de 24h aussi, toujours sans zéro crédit ou permission.
J'étais disons, pas très contente pour employer un euphémisme.
Petit appel matinal au rédacteur en chef du 24 heures. Il dit que la photo lui a été envoyé avec le communiqué de "Québec Vert Kyoto" et qu'il n'a aucune responsabilité là-dedans. Mais vous ne vérifiez pas vos sources? Vous ne faites pas signer de fiche aux gens qui soumettent les photos dans lesquelles elles confirment détenir les droits des photos publiées??? Vous ne signez pas d'entente de publication pour les photos??? que je demande. Non, que le rédacteur en chef me répond. Hé ben...
Appel à Québec Vert Kyoto. On me dit que ce n'est pas leur communiqué mais le communiqué du Festival Écolo et que je dois donc communiquer avec eux et qu'ils n'ont rien à voir là-dedans.
Petit téléphone au Festival Écolo. La directrice comprend pas, elle ne sait pas qu'on parle d'elle dans le 24 heures d'aujourd'hui. Elle jure ne jamais avoir envoyé ma photo. Jamais. Juré. Y'avait pas de photo avec le communiqué me dit-elle.
Rappelle le rédacteur en chef du 24 heures, qui lui me dit avoir retrouvé le communiqué en question et la photo est jointe au communiqué. Il propose de me l'envoyer par courriel pour que je juge moi-même. Ok. Il est 17h30 au moment d'écrire ces lignes et j'ai toujours rien reçu.
Et je suis toujours en tabarna...
Et là, ma photo sera pour toujours et à jamais dans les archives de l'Empire Québécor, qui pourra la réutiliser à sa guise sans jamais me payer. Great. Alors j'imagine que je devrais leur faire parvenir une mise en demeure les avisant de détruite toute trace de cette photo dans leurs archives. Right. Me semble oui.
Bizarrement, cette phrase maintenant célèbre de Pierre Bruneau, chef d'antenne d'un produit Québécor me vient à la tête : "Rigueur, rigueur, rigueur".
Et je suis d'autan plus en joualvère que ce n'est pas la première fois que l'Empire fait le coup à un pauvre photographe non-professionnel. Un taxi la nuit a aussi vécu l'expérience.
Entre temps, j'ai fait des appels, notamment au Conseil de presse du Québec. Ça pourrait être le sujet d'une plainte officielle. On m'a aussi invité à joindre les rangs de l'Association canadienne des photographes et illustrateurs en communication (CAPIC).
Que Québécor utilise des photos de la sorte, c'est inacceptable. Qu'ils écrivent que cette photo viennent de leurs archives, c'est révoltant parce que c'est carrément un mensonge. Qu'elle leur ait été soumise par Québec Vert Kyoto, le Festival Écolo, le Père Noël ou n'importe qui d'autre, reste qu'elle ne vient quand même pas de leurs archives.
Alors voilà. J'attends avec impatience le courriel du rédacteur en chef du 24 heures, me démontrant que c'est effectivement le Festival Écolo qui a fait suivre ma photo avec leur communiqué de presse. Une fois qu'on aura établis qui a utilisé ma photo sans ma permission, je vais tenter d'obtenir une compensation. Selon la grille tarifaire de la CAPIC mais aussi probablement des dommages exemplaires. Parce que faut que les gens arrêtent de penser que de voler le travail des autres sur le web, c'est juste normal et correct. Ça va pour la musique, ça va pour les films, et ça va aussi pour les photos. Point à la ligne.
Une histoire à suivre donc. Mais je suis encore frustrée...
vendredi, septembre 07, 2007
Le Niqab, la burka et le reste...
Petite conversation amicale sur MSN au sujet de l'incroyable décision d'Élection Canada :
-ouais mais si ma religion à moi, c'est d'aller voter habillé en Batman?
-ouin...
-Être fétichiste, c'est-tu une religion? J'peux tu aller voter habiller en latex noir avec un fouet et un masque de cuir sur la tête?
-Ben là, c'est fort un peu non?
-Pis Raël dans tout ça
-???
-S'il ordonne à sa gang d'aller voter tout nu, c'est-tu légal ça?
-ouais mais si ma religion à moi, c'est d'aller voter habillé en Batman?
-ouin...
-Être fétichiste, c'est-tu une religion? J'peux tu aller voter habiller en latex noir avec un fouet et un masque de cuir sur la tête?
-Ben là, c'est fort un peu non?
-Pis Raël dans tout ça
-???
-S'il ordonne à sa gang d'aller voter tout nu, c'est-tu légal ça?
Les explorateurs urbains réparent le Panthéon en France!
Souvent les gens ne comprennent pas trop ce qu'on fait, nous les explorateurs urbains. Y'a Brem y'a pas très longtemps qui m'a envoyé un lien vers une page web d'une de nos missions les plus ninja. Y'a La Presse qui en parlait récemment et The Gazette aussi.
Souvent mes amis ne comprennent pas (mon père notamment). Oui mais, kossé tu vas faire dans des édifices abandonnés qui tombent en ruine??? Je vais voir. Je vais documenter notre histoire récente en prenant un maximum de photos. Des fois on fait des petites rectifications au sujet de l'équipement qui a été déplacé ou des choses qui ont été brisées. Des fois, je protège des morceaux (comme mettre une vieille couverture sur un vieil orgue casavant dans une église abandonnée, pour tenter, comme on peut, de le protéger de l'eau qui coule du toit et de la merde des pigeons).
Des fois je risque ma vie aussi, même quand franchement, ça en vaut pas nécessairement la peine. Souvent je prends des risques. Comme traverser un vide de 10 mètres de profond en m'agrippant aux vieux tuyaux rouillés qui tiennent au mur pour enjamber le vide, après avoir glissé par le cadre assez coupant d'une vieille fenêtre, pour finalement accéder à une des plus belles vues de Montréal. Quelques fois, ça me prend des années pour documenter un endroit abandonné, rechercher son emplacement exact puis trouver un moyen d'y accéder. Pourquoi tout ça, vraiment?
Parce que l'exploration urbaine, c'est devenir témoin de notre histoire collective. C'est marcher dans notre histoire et comprendre comment ça fonctionnait dans le temps. C'est développer une expertise à la fois pointue et large. Explorer une vieille tour de contrôle du CN et écrire à une association de retraités pour savoir ce que POV, qui est écrit partout sur les tableaux de contrôle, veut dire. C'est comprendre comment un Humphrey Manlift fonctionne. C'est actionner une vieille presse à bras qui servait pour imprimer les prières d'une abbaye cistercienne, où chaque caractère d'imprimerie était assemblé à la main pour faire des mots, des phrases, des textes, qui sont ensuite imprimés. C'est découvrir des vieux tunnels abandonnés qui débouchent sur des rues qui n'existent même plus.
Bref, malgré tout ça, beaucoup de mes amis sont fascinés par mes photos de ces endroits mystérieux mais ne comprennent pas trop ma passion.
Et là, il y a cet article extraordinaire dans le Figaro qui explique que des explorateurs urbains de Paris (sans doute aussi cataphiles!) ont trouvé moyen de mettre la main sur rien de moins que les clés du Panthéon. Pour y faire des graffitis? Pour y faire de la casse? Ben non! Pendant un an, ils sont rentrés le soir en katimini pour...réparer l'horloge!
Et ce n'est pas exceptionnel. À Montréal, après avoir réalisé que des voleurs démontaient et volaient les vitraux de l'église St-Sauveur, plusieurs d'entre nous ont contactés la Ville de Montréal pour l'en aviser et lui demander de sécuriser l'église, question d'arrêter les vols et protéger notre patrimoine. Ça aura pris du temps mais la ville a fini par sécuriser l'église. Finalement. C'est moins sensationaliste que d'envoyer nos photos au journal de Montréal pour avoir une une du genre "On vole notre patrimoine" mais pour nous, c'est important.
À Buffalo, des explorateurs se sont joints à d'autres amateurs d'histoire pour acheter le Buffalo Central Terminal et depuis quelques années, ils tentent très très forts de restaurer le tout (sans subvention, c'est difficile). Au moins, leurs interventions et leurs corvées publiques (ils invitent toute la population à aider pendant une journée) ont permis de stabiliser l'immeuble, de le sécuriser et d'en éviter la dégradation supplémentaire.
L'exploration urbaine, c'est pour moi un moyen de se réapproprier ma ville et la planète.
Bon, maintenant si on pouvait juste sauver la passerelle de la Place des nations qui menace dangereusement de s'effrondrer... Y'a un menuisier dans la salle??? J'imagine la face de l'administration du Parc Jean-Drapeau...
Petit ajout : Ah pis dans la catégorie "Holy cow, méchante découverte de fou, je veux tout lâcher, prendre l'avion et y aller tout de suite", y'a un explorateur qui a découvert un vieil hôpital abandonné de la deuxième guerre mondiale, caché, creusé à même la falaise et pas visiter depuis... au moins 50 ans. Incroyable découverte! Ça, c'est ce à quoi je rêve et ce sur quoi je fantasme.
Souvent mes amis ne comprennent pas (mon père notamment). Oui mais, kossé tu vas faire dans des édifices abandonnés qui tombent en ruine??? Je vais voir. Je vais documenter notre histoire récente en prenant un maximum de photos. Des fois on fait des petites rectifications au sujet de l'équipement qui a été déplacé ou des choses qui ont été brisées. Des fois, je protège des morceaux (comme mettre une vieille couverture sur un vieil orgue casavant dans une église abandonnée, pour tenter, comme on peut, de le protéger de l'eau qui coule du toit et de la merde des pigeons).
Des fois je risque ma vie aussi, même quand franchement, ça en vaut pas nécessairement la peine. Souvent je prends des risques. Comme traverser un vide de 10 mètres de profond en m'agrippant aux vieux tuyaux rouillés qui tiennent au mur pour enjamber le vide, après avoir glissé par le cadre assez coupant d'une vieille fenêtre, pour finalement accéder à une des plus belles vues de Montréal. Quelques fois, ça me prend des années pour documenter un endroit abandonné, rechercher son emplacement exact puis trouver un moyen d'y accéder. Pourquoi tout ça, vraiment?
Parce que l'exploration urbaine, c'est devenir témoin de notre histoire collective. C'est marcher dans notre histoire et comprendre comment ça fonctionnait dans le temps. C'est développer une expertise à la fois pointue et large. Explorer une vieille tour de contrôle du CN et écrire à une association de retraités pour savoir ce que POV, qui est écrit partout sur les tableaux de contrôle, veut dire. C'est comprendre comment un Humphrey Manlift fonctionne. C'est actionner une vieille presse à bras qui servait pour imprimer les prières d'une abbaye cistercienne, où chaque caractère d'imprimerie était assemblé à la main pour faire des mots, des phrases, des textes, qui sont ensuite imprimés. C'est découvrir des vieux tunnels abandonnés qui débouchent sur des rues qui n'existent même plus.
Bref, malgré tout ça, beaucoup de mes amis sont fascinés par mes photos de ces endroits mystérieux mais ne comprennent pas trop ma passion.
Et là, il y a cet article extraordinaire dans le Figaro qui explique que des explorateurs urbains de Paris (sans doute aussi cataphiles!) ont trouvé moyen de mettre la main sur rien de moins que les clés du Panthéon. Pour y faire des graffitis? Pour y faire de la casse? Ben non! Pendant un an, ils sont rentrés le soir en katimini pour...réparer l'horloge!
Et ce n'est pas exceptionnel. À Montréal, après avoir réalisé que des voleurs démontaient et volaient les vitraux de l'église St-Sauveur, plusieurs d'entre nous ont contactés la Ville de Montréal pour l'en aviser et lui demander de sécuriser l'église, question d'arrêter les vols et protéger notre patrimoine. Ça aura pris du temps mais la ville a fini par sécuriser l'église. Finalement. C'est moins sensationaliste que d'envoyer nos photos au journal de Montréal pour avoir une une du genre "On vole notre patrimoine" mais pour nous, c'est important.
À Buffalo, des explorateurs se sont joints à d'autres amateurs d'histoire pour acheter le Buffalo Central Terminal et depuis quelques années, ils tentent très très forts de restaurer le tout (sans subvention, c'est difficile). Au moins, leurs interventions et leurs corvées publiques (ils invitent toute la population à aider pendant une journée) ont permis de stabiliser l'immeuble, de le sécuriser et d'en éviter la dégradation supplémentaire.
L'exploration urbaine, c'est pour moi un moyen de se réapproprier ma ville et la planète.
Bon, maintenant si on pouvait juste sauver la passerelle de la Place des nations qui menace dangereusement de s'effrondrer... Y'a un menuisier dans la salle??? J'imagine la face de l'administration du Parc Jean-Drapeau...
Petit ajout : Ah pis dans la catégorie "Holy cow, méchante découverte de fou, je veux tout lâcher, prendre l'avion et y aller tout de suite", y'a un explorateur qui a découvert un vieil hôpital abandonné de la deuxième guerre mondiale, caché, creusé à même la falaise et pas visiter depuis... au moins 50 ans. Incroyable découverte! Ça, c'est ce à quoi je rêve et ce sur quoi je fantasme.
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